Zemmour vs Le Pen : un fauteuil pour deux à l’extrême droite

 Zemmour vs Le Pen : un fauteuil pour deux à l’extrême droite

Sans être officiellement candidat, Eric Zemmour fait déjà de l’ombre à Marine Le Pen. Nicolas TUCAT / AFP

Alors qu’Eric Zemmour est donné pour la première fois au second tour de la prochaine présidentielle dans un sondage, Marine Le Pen et son état-major passent à l’offensive contre celui qui est désormais leur principal rival dans la course à l’Elysée.

 

Contrairement à Marine Le Pen, Eric Zemmour n’est toujours pas officiellement candidat à la présidentielle 2022. Pourtant, un sondage Harris Interactive pour Challenges le place mercredi au second tour avec 17 à 18% des intentions de vote. Il arriverait ainsi derrière Emmanuel Macron (24 à 27%), mais devant la candidate RN (15 à 16%). Arriveraient ensuite Xavier Bertrand (13%) ou Valérie Pécresse (11%).

« Jamais un candidat n’a connu en si peu de temps, dans des mesures d’intentions de vote, une évolution telle que celle que connait Eric Zemmour », commente dans l’analyse du sondage Antoine Gautier, chargé d’études chez Harris Interactive. Marine Le Pen, que tous les sondages depuis de longs mois donnaient au second tour, poursuit sa nette baisse. Les précédentes enquêtes lui donnaient 28% des intentions de vote début juin et encore 24% début août.

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Aucun candidat de gauche ne dépasse 11% dans ce sondage. Toujours selon cette étude, Emmanuel Macron l’emporterait au second tour. Avec 55% des voix, il devancerait nettement Eric Zemmour (45%).

Face à cette tendance en cours depuis quelques semaines, le Rassemblement national et Marine Le Pen sont passés à l’offensive. Le parti d’extrême droite ne ménage plus Eric Zemmour, maintenant rival de la candidate du RN pour la présidentielle.

Le RN débordé par Zemmour à sa droite

Le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella, a ainsi dénoncé lundi la « brutalité » des propos du polémiste à l’égard des femmes. Ce qui constitue un « point de divergence majeur » selon lui entre Marine Le Pen et Eric Zemmour. Dans son dernier essai, ce dernier écrit notamment que les femmes « sont le but et le butin de tout homme doué qui aspire à grimper dans la société ». Il voyait en Dominique Strauss-Kahn menotté « une castration de tous les hommes français ».

Le responsable d’extrême droite a aussi pris ses distances la « radicalité » du polémiste identitaire. Il l’a d’ailleurs comparé à celle de l’ancien président du FN (devenu RN) Jean-Marie Le Pen. Ce dernier avait été exclu en 2015 du parti pour ses dérapages sur la Shoah.

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« Mme Le Pen s’effondre dans les sondages et donc ils font feu de tout bois. Je les plains », a réagi sur RMC lundi le polémiste. Il assure n’exprimer « aucune brutalité » à l’égard des femmes et dit vouloir « expulser les étrangers coupables » d’agressions envers elles. Eric Zemmour est lui-même accusé d’agressions sexuelles, selon plusieurs témoignages de femmes recueillis par Mediapart. Mais aucune enquête n’est en cours contre lui pour le moment.

De la cohabitation à l’attaque frontale

Marine Le Pen avait pourtant, à sa rentrée de septembre à Fréjus, multiplié les clins d’oeil au polémiste. Elle assurait défendre comme lui la « civilisation » française et affirmé que la France était à la « croisée des chemins », dans une allusion au site internet du polémiste.

Mais après avoir épargné Eric Zemmour, un « concurrent » mais « pas un adversaire », la candidate semble avoir choisi de le critiquer désormais plus directement. Sur l’immigration, « à part une forme de brutalité, qu’apporte-t-il de plus en termes de solutions ? », demandait-t-elle dans Valeurs Actuelles début octobre.

« J’ai l’impression d’entendre le Front national, il y a trente ans (…). Il fallait parler fort, parler dur, parler sans nuance pour pouvoir se faire entendre », estime-t-elle. Mais maintenant, « le constat est acquis, il faut convaincre de la méthode », soutient Marine Le Pen. Elle a elle-même récemment présenté un projet de loi de référendum de refonte de « l’ensemble du droit applicable aux étrangers ».

Enfin, elle voit en son adversaire un candidat  » monothématique ». La candidate préfère faire sa rentrée sur le pouvoir d’achat et revendique un positionnement moins conservateur sur le plan sociétal.