Yémen : Le cessez-le-feu est respecté selon Yemen Data Project

 Yémen : Le cessez-le-feu est respecté selon Yemen Data Project

Sanaa au Yémen

Les atrocités de la guerre en Ukraine nous font presque oublier les autres conflits, notamment celui du Yémen. Selon Yemen Data Project, le cessez-le feu négocié depuis le début du ramadan est respecté tant bien que mal. Interview avec Ion Craig, porte-parole de l’association sur cet arrêt des raids aériens.

Le Courrier de l’Atlas : Qu’est ce le Yemen Data Project ?

Ion Craig : Il s’agit d’un projet indépendant de collecte de données basé au Yémen. Nous prenons en compte les données sur chaque raid aérien mené par la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite. Nous prenons également les dommages civils mais pas ceux sur les décès de militaires ou de combattants. Pour ce qui concerne les données de la guerre terrestre, ils sont publiées via l’ACLED dont la méthodologie est différente de la nôtre.

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LCDA : Depuis 15 jours, le Yémen connait un cessez-le-feu. Est il respecté ?

Ion Craig : Au cours de la première semaine du cessez-le-feu, nous n’enregistrons aucun raid aérien, malgré des informations faisant état de violations lors de la guerre terrestre. Il s’agit du premier cessez-le-feu négocié à l’échelle nationale depuis 2016. C’est aussi la première fois qu’aucun raid aérien n’a été enregistré pendant une semaine entière dans une période de cessez-le-feu. Les données de la deuxième semaine seront disponibles le 17 avril.

LCDA : Combien de raids aériens a connu le pays depuis le début de la guerre ?

Ion Craig : Depuis mars 2015, il y a eu au moins 25 054 raids aériens de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite avec jusqu’à 75 157 frappes aériennes individuelles. Le gouvernorat de Sa’ada a été le plus bombardé du pays, suivi par celui de Marib.

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LCDA : Qui sont les victimes de ces raids aériens ? Des civils ou des militaires ?

Ion Craig : La guerre aérienne a commencé le 25 mars 2015. Nous ne recueillons pas de données sur les décès de militaires ou de combattants. Nous avons enregistré au moins 8 983 morts civils et 10 243 civils blessés.  Parmi ces décès, 1 424 tués étaient des enfants. 963 enfants figuraient parmi les blessés. Les femmes représentaient 842 morts et 604 blessés. Toutefois, il convient de comprendre qu’il s’agit uniquement des chiffres liées à la guerre aérienne et non terrestre.

LCDA : Quel est le but pour Yemen Data Project de collecter ses données sur les raids aériens ?

Ion Craig : Notre association vise à accroitre la transparence et à promouvoir la responsabilité des acteurs impliqués dans le conflit au Yémen. Nous agissons en l’absence de dossiers militaires officiels de l’une des parties du conflit. Nous collectons les données à partir d’open sources que ce soit les médias locaux ou les réseaux sociaux. Notre création date de 2016. Nous fournissons des données indépendantes et neutre pour éclairer la réponse humanitaire, la défense des droits, la couverture médiatique et la discussion politique.