Wimbledon. Prodigieuse, de nouveau finaliste, Jabeur réitère l’exploit
Historique, stellaire… Les superlatifs manquent pour qualifier ce que vient de réaliser Ons Jabeur à Wimbledon. La Tunisienne a éliminé coup sur coup Elena Rybakina et Aryna Sabalenka, respectivement numéro 3 et numéro 2 mondiales, pour se hisser en finale du Grand Chelem londonien jeudi, pour la deuxième fois en deux ans !
Plus que jamais en cette morosité ambiante sur le plan national tunisien, la tenniswoman mérite son surnom de « ministre du bonheur ». Dans les cafés, rarement un sport autre que le football n’avait autant passionné les Tunisiens. Jabeur le leur rend bien : comme renaissant de ses cendres, la joueuse a précisément excellé chaque fois qu’elle fut poussée dans ses derniers retranchements.
Malgré le manque de repos entre son quart de finale la veille et sa demi-finale aujourd’hui, la tunisienne a réalisé le même score à l’identique face à la Kazakhe et à la russe dans les deux premiers sets de ses deux matchs 6-7 [5] au jeu décisif, puis 6-4, pour dérouler ensuite, irrésistible.
La spécialiste des remontadas
Face à la redoutable Sabalenka, au terme d’une demi-finale renversante et alors qu’elle était menée un set à zéro, Jabeur l’emporte 6-3 au final, au moment où certaines mauvaises langues ne croyaient pas en sa capacité de réitérer l’exploit de l’an dernier. Loin d’être un coup de chance, cette success story a d’autant plus de mérite qu’elle est le fruit de talents 100% tunisiens, forgés en Tunisie, y compris au niveau du coaching de Issam Jellali.
Pourtant, au terme de son quart de finale le 12 juillet, Jabeur a confié qu’à bout de nerfs au premier set, elle a déchargé sa colère sur son coach en lui reprochant son plan de jeu : « Tu vois, j’ai fait tout ce que tu m’as dit, voilà le résultat ! » s’impatientait-elle, sans doute une allusion à l’abandon quasi-total des amorties pour surprendre la tenante du titre Rybakina, prise à son propre jeu de la domination du fond du cours.
Le diable est dans le détail
Certes, cela tient à peu de choses. « La nature même du tennis est de parfois se jouer à quelques points », commente l’Equipe. Le premier set de la demi-finale entre Jabeur et Sabalenka en fut la parfaite illustration. Alors que les deux jeunes femmes n’étaient pas parvenues à se départager dans le jeu très serré, malgré trois balles de break pour Jabeur et une pour Sabalenka, il a fallu en passer par un tie-break. Une double faute de la Biélorusse offrait le mini-break à Jabeur (3-2).
Mais la Tunisienne faisait se lever le public du Centre Court avec un coup droit gagnant long de ligne en bout de course de toute beauté (4-2). Un tournant y compris mental où la tunisienne prend l’ascendant de façon précoce, pense-t-on. Sauf qu’une faute dans l’échange et un ace de Sabalenka réduisaient ses efforts à néant. Derrière, elle n’allait gagner qu’un seul point (en sauvant une première balle de set) et laissait Sabalenka virer en tête.
Manifestement piquée au vif par la perte de ce premier set dans lequel elle avait été si proche de l’emporter, Ons Jabeur a alors une réaction d’égo. En difficulté pour relancer les boulets de canon à près de 200 km/h envoyés au service par Sabalenka, la Tunisienne semblait alors prendre l’eau. C’est par sa science du contre-pied et du passing shot que Jabeur résiste et parvient à arracher un debreak pour revenir dans le match.
Ne rien lâcher !
Une fois son second souffle enclenché, Jabeur se procurait les deux premières balles de break du set. Dos au mur, et à la faveur d’un suspens haletant, Sabalenka allait sauver pas moins de quatre balles de match. Les deux premières sur son service. Les deux autres en profitant de l’aide du filet et de la nervosité de Jabeur sur son propre service. La cinquième est la bonne ! Jabeur claquait sur un service slicé un ace imparable qui la catapulte de nouveau en finale de Wimbledon.
Samedi 15 juillet, Ons Jabeur affrontera en finale de Wimbledon Marketa Vondrousova, modeste 42ème mondiale, 1 an après sa défaite contre Elena Rybakina. La numéro 1 Swiatek étant écartée précocement de ce Grand Chelem, la gloire semble à portée de raquette de la tunisienne qui compte bien conquérir la pelouse anglaise et marquer à jamais le sport maghrébin, africain et international.