Violences conjugales : La condamnation à vie d’une victime

 Violences conjugales : La condamnation à vie d’une victime

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Tiffany se dit « condamnée à vie« . Victime de violences conjugales de la part de son ex-compagnon durant plusieurs mois, elle va vivre une séparation douloureuse qui s’est terminée par un drame.

Affectée, Tiffany l’est sans aucun doute. Cette mère de famille de 27 ans vit depuis 9 mois un traumatisme qui n’est pas prêt de se résorber. Outre les violences conjugales qu’elle a connues durant sa relation avec son ex-compagnon, elle a dû subir le décès de son enfant de 2 ans, Kassim lors de sa séparation avec son conjoint violent.

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Violences et chantage au suicide

Mère divorcée de 3 enfants dans le Gard, elle fait la rencontre de son ex-compagnon en 2021. Une idylle prend forme. Au bout d’un mois, la relation est officielle. L’ex-compagnon la présente même à sa famille. Peu de temps après, les sévices commencent. Insultes, gifles, coups de poing, brûlure au sein,… Le scénario est toujours le même. L’ex-compagnon la violente et demande pardon pour ce qu’il lui fait subir. « Il changeait quelques jours ou quelques semaines puis sa nature revenait au galop, nous confie Tiffany. Une fois, il m’a mis un couteau sous la gorge. J’ai demandé à mon fils de 6 ans de prendre le téléphone et d’appeler la police. Il l’a menacé en  lui indiquant qu’il n’aimait pas la police et qu’il s’en prendrait à lui et à toute la famille. Mon fils était terrorisé ! »

Malgré plusieurs interventions de la police qui se rend sur les lieux, les violences ne cessent pas. « Je n’ai pas eu le courage de porter plainte ou de faire une main courante. J’ai essayé de fuir mais il avait en sa possession mes affaires administratives et mes moyens de paiement. Je suis à 800 kilomètres de ma famille la plus proche. Au bout d’une semaine, il m’a retrouvée, m’a fait un chantage au suicide et m’a suppliée de revenir. Personne n’était au courant. J’ai prévenu sa mère une fois mais elle m’a demandé de lui pardonner. »

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Une séparation qui tourne au drame

Le 15 septembre 2022, Tiffany subit une nouvelle fois des violences. C’en est trop ! Elle décide de partir le lendemain et envoie à son ex-compagnon un SMS de rupture. « Il m’a alors menacée en me disant qu’il allait se passer quelque chose de grave, indique, la voix tremblante, Tiffany. Arrivé sur place, il m’insulte. Je ne dis rien. Mes enfants demandent à faire de la trottinette en bas de la résidence. Il nous surveille de la fenêtre. Je reçois un coup de téléphone et ça l’énerve. »

Sur le parking, l’ex-compagnon propose de faire un tour avec les enfants. Une fois la famille installée dans la voiture, il l’insulte à nouveau à propos du coup de fil. Tiffany descend avec ses enfants. Ses papiers administratifs étant encore dans le véhicule, elle lui demande de le réouvrir. L’ex-compagnon se résigne à le faire.

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Un enfant étendu au sol

Quand elle met sa main dans la boite à gants, son attitude change. « Il a vu rouge, se rappelle Tiffany. Il m’attrape par le poignet et me rue de coups. Mon fils Kassim m’appelle, crie et se met entre moi et la portière. Mon ex-compagnon allume sa voiture et fait une marche arrière à toute vitesse. La portière fait tomber mon fils. Il refuse de me laisser descendre. J’ai eu la chance que le portail ne soit pas ouvert. J’ai pu alors sortir et voir mon fils étendu sur le sol. »

Alors que les enfants crient, l’ex-compagnon passe à proximité du corps et sort par une deuxième entrée de la résidence. Malgré ses appels à revenir et les photos envoyées sur les blessures de son enfant, celui-ci ne revient pas. « Je me retrouve avec deux enfants en train de pleurer et Kassim dans mes bras. La police et les pompiers nous emmènent à la caserne. Mon fils doit prendre l’hélicoptère pour l’hôpital. Quand les médecins du SAMU arrivent à la caserne, j’ai ressenti que c’était trop tard. Il est décédé de deux traumatismes crâniens, l’un à l’avant, l’autre à l’arrière. »

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« Je suis condamnée à vie »

Tiffany doit passer encore 3 heures au commissariat pour expliquer les faits. Elle est encore sous le choc et a du mal à s’exprimer. Quand elle informe le père de l’enfant, celui-ci n’arrive pas à comprendre. « Il était plus ou moins au courant que la relation était compliquée. Il avait même porté plainte pour menaces contre lui et nos enfants. Pendant un long moment, il reste dans le déni. Il n’arrivait pas à comprendre comment on avait pu en arriver là ! »

Après le drame, aucun suivi psychologique n’est là pour accompagner la mère de famille ni dans ce qu’elle vient de subir ni pour la soutenir dans la perte de son enfant. 24 heures après les faits, l’ex-compagnon se rend à la gendarmerie. La justice le place en garde à vue pour homicide involontaire par maladresse, violences conjugales ayant entrainé plus de 15 jours d’ITT et conduite sans assurance.

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Une famille désemparée

Encore sous le choc, Tiffany n’arrive pas à y croire pendant plus de 6 mois. « J’avais l’impression d’être dans le coma et que j’allais me réveiller. Je ne ferai jamais le deuil de mon enfant. Je suis condamnée à vie. A 27 ans,  je vais devoir vivre avec cette situation tout le temps. »

Sa famille vit aussi difficilement la situation après la mort tragique de Kassim. Des psychiatres suivent les enfants. « Le plus âgé arrive à verbaliser un peu mieux ce qu’il a vécu. En ce qui concerne mon deuxième fils, c’est plus dur. Il n’y avait qu’un an et quelques mois de différence entre eux. Il est plein de colère et de haine. Dés qu’il voit la couleur rouge, il parle de sang, de mort,… Il n’arrive plus à contrôler ses émotions. »

Requalification des faits ?

Depuis ce drame, Tiffany n’arrive plus à travailler. Engagée dans la vie associative pour aider les femmes victimes de violences, elle tente tant bien que mal d’obtenir justice. « Mon ex-compagnon a demandé une remise en liberté qui lui a été refusée. J’ai alors découvert, à ma grande surprise, son parcours carcéral. Il avait été condamné à plus de 5 reprises pour violences. »

Dans l’attente du procès, Tiffany espère toujours une requalification des faits. « Après ma plainte, je pensais que l’affaire n’était pas prise au sérieux. J’aimerais qu’on la requalifie de meurtre. De plus, le délit de fuite et la non-assistance à personne en danger n’ont pas été retenus. Outre mes appels et SMS avec des photos de Kassim ensanglanté, je lui avais indiqué qu’il fallait qu’il revienne sur place. Il a eu pourtant 24 heures de liberté. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi la justice ne retient pas ces motifs. Je demande juste justice pour mon fils de deux ans qui a perdu la vie ! »