Vingt ans après la mort d’Arafat : La Palestine, un peuple en voie d’extermination

 Vingt ans après la mort d’Arafat : La Palestine, un peuple en voie d’extermination

Affiche portant la photo du défunt leader palestinien Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 7 novembre 2024. (Photo : Zain JAAFAR / AFP)

Il y a vingt ans, le 11 novembre 2004, Yasser Arafat disparaissait, laissant un vide immense dans la lutte pour la cause palestinienne. Depuis la perte de ce leader charismatique, la situation du peuple palestinien s’est dramatiquement aggravée : la colonisation et l’occupation de la Palestine se sont intensifiées, et aujourd’hui, plus d’un demi-million de colons israéliens vivent illégalement en Cisjordanie occupée. À Gaza, en un an, l’armée israélienne a tué plus de 43 000 personnes – les femmes et les enfants représentent près de 70 % des victimes selon l’ONU.

 

En octobre 2004, alors que sa santé se dégrade, Arafat est hospitalisé en urgence en France, à l’hôpital militaire Percy, où il meurt officiellement le 11 novembre. Pourtant, aucune autopsie n’est pratiquée, et les médecins français se déclarent incapables de déterminer les causes exactes du décès.

Tandis que les experts mandatés par les juges d’instruction français écartent à plusieurs reprises la thèse d’un empoisonnement au polonium 210, des experts suisses, sollicités par Souha Arafat, veuve du président palestinien, jugent cette thèse « plus cohérente » avec leurs propres résultats.

À l’annonce de la clôture de l’enquête, en mai 2014, les avocats de Souha Arafat dénoncent une décision prise dans la « précipitation et l’urgence ». Après plusieurs demandes d’actes supplémentaires, toutes rejetées, le parquet de Nanterre prononce un non-lieu le 21 juillet 2015, et le dossier est définitivement clos.

Né en 1929 au Caire, en Égypte, Yasser Arafat s’engage auprès des Frères musulmans avant de cofonder en 1959 le Fatah, Mouvement de libération de la Palestine, lequel rejoint en 1964 l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Yasser Arafat la dirige de 1969 jusqu’à sa mort, devenant le visage de la résistance palestinienne. Infatigable défenseur des droits de son peuple, il reçoit en 1994 le prix Nobel de la paix.

L’année d’avant, le 13 septembre 1993, après de longs mois de négociations secrètes, Arafat signe une « déclaration de principes » à Washington. Dans un moment historique, il serre la main du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, sous l’œil du président américain Bill Clinton.

Cet accord ouvre la voie à une reconnaissance mutuelle entre Israël et l’OLP et instaure une autonomie palestinienne temporaire de cinq ans. Mais cet espoir est de courte durée.

Les signataires — Rabin, Arafat et Shimon Peres, ministre israélien des Affaires étrangères — sont récompensés l’année suivante du prix Nobel de la paix. Toutefois, l’objectif d’un accord de paix final se heurte à la poursuite des colonisations israéliennes, exacerbant les tensions jusqu’à l’assassinat de Rabin par un extrémiste.

Depuis lors, le rêve de paix s’est érodé, et vingt ans après la disparition d’Arafat, la Palestine est plus fragmentée et assiégée que jamais.

Aujourd’hui, la situation à Gaza illustre tragiquement la violence de l’occupation : les bombardements intensifs de l’armée israélienne après les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 ont déjà coûté la vie à des milliers de civils, dont un nombre effarant d’enfants.

La bande de Gaza, sous blocus depuis plus de quinze ans, subit une destruction massive de ses infrastructures, rendant les conditions de vie insoutenables pour ses habitants, qui se trouvent privés d’accès à l’eau, à l’électricité, aux soins médicaux, et à une aide humanitaire suffisante.

En l’absence de protection internationale, de nombreux observateurs craignent une extinction progressive de la population palestinienne à Gaza, déjà l’une des régions les plus densément peuplées et vulnérables du monde.

Alors que le souvenir de Yasser Arafat plane sur cette lutte inachevée, la communauté internationale est interpellée. Face à la persistance de la colonisation, de l’occupation, et des violences, l’urgence d’une solution pacifique et juste pour le peuple palestinien n’a jamais été aussi cruciale. Elle relève, malheureusement, d’une chimère.

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