[Vidéo] La nouvelle PDG de Tunisair déclare la guerre aux syndicats

Ceux qui connaissaient le personnage Olfa Hamdi savaient que sa gestion de la compagnie aérienne nationale allait être pour le moins atypique. A peine entrée en fonction, la jeune PDG est déjà aux prises de façon spectaculaire avec les puissants syndicats représentant les huit mille employés de Tunisair.

Brillant acte fondateur de sa présidence pour les uns, grossière mise en scène pour les autres, la vidéo publié jeudi soir est déjà devenue virale sur le web tunisien. Debout sur une chaise précisément à la manière des syndicalistes étudiants sur les campus, la patronne trentenaire va d’abord vanter son propre style de management.

« Le 4 janvier, lorsque j’ai pris mes fonctions, j’ai travaillé 48 heures non-stop ! », prétend-elle. « Les PDG des plus grandes compagnies au monde ont répondu présent à une réunion grâce à moi, à mon expérience », loue-t-elle le carnet d’adresses qu’elle se serait constitué lors de son passage professionnel aux Etats-Unis. Un pays où elle se serait spécialisée dans la gestion des grands projets, mais CV mis en doute par plusieurs figures du monde des affaires.

« Quel traitement ai-je reçu en contrepartie ? Les syndicalistes maintiennent leur sit-in à ma porte, ils fument, jouent aux cartes, et font venir des éléments étrangers à la compagnie », s’indigne Olfa Hamdi.

Un point sur lequel a aussitôt répondu le secrétaire général du syndicat de base UGTT des agents au sol de Tunisair, Najmeddine Mzoughi dans les médias nationaux. « Ces personnes sont des agents contractuels, recrutés avant la crise Covid du secteur aérien. L’administration le sait. Leurs contrats ont été suspendus en attendant une régularisation que la compagnie leur avait promise. Ils souhaitaient rencontrer la nouvelle PDG. Cela ne se fait pas de les qualifier d’intrus », a protesté le syndicaliste.

« Vous savez que je suis prête à payer de ma poche pour que le service de catering fonctionne… Une dernière chose, à partir d’aujourd’hui l’entrée du parking sera commune aux agents et aux responsables. Vous me laisserez juste cet espace qui m’est réservé à moi et à mes hôtes », conclue la PDG, volontariste.

Méthode coup de poing ou charlatanisme ?

« Voulez-vous que Tunisair réussisse, oui ou non ? », a harangué à gorge déployée la présidente. « Oui nous le voulons madame ! » répond une partie du personnel telle une salle de classe, dont la vidéaste émue jusqu’aux larmes.

Mélange de techniques du management à l’anglo-saxonne et de gestion par l’émotionnel, ce style Hamdi, sorte de langage de « la gagne » en permanence, passablement populiste, n’est pas du goût de tous.

« C’est elle même qui a monté sa pièce. Une mise en scène avec caméras et tralala… un pétage de plombs sur commande… une histoire farfelue de pdg(s) des grandes compagnies aériennes qui viendraient au chevet de la Gazelle pour le diagnostic. Un parking à démocratiser. Une porte privée pour elle et ses invités. De l’argent de poche pour le catering. Chocolat pour tous … Taisez vous et regardez-moi ! », déplore ainsi le polémiste Adnane Belhajamor.

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