Victime d’une agression raciste, un père de famille convoqué au tribunal
Un père de famille, victime d’une agression à la voiture bélier fin avril, se retrouve convoqué par le procureur du Jura, rapporte le quotidien l’Est républicain. Adil Sefrioui dénonce la partialité de la procédure. Son avocat juge la convocation « déconcertante ». D’autant plus que la famille Sefrioui a produit une vidéo de l’agression. Sur celle-ci, on entend clairement des insultes à caractère raciste avant le passage à l’acte de l’agresseur.
Le 21 avril, alors que la famille Sefrioui se trouve chez elle, un homme âgé prend des photos de leurs enfants dans le jardin. S’en suit une violente agression détaillée par l’Est républicain et filmé par la femme d’Adil Sefrioui. L’agresseur répète plusieurs fois l’insulte « bicot » et des menaces de mort de la part de l’individu. Sur la vidéo de l’agression, on voit clairement également l’assaut à la voiture-bélier auquel la victime échappe en sautant par-dessus sa clôture.
Si la police a rapidement interpellé l’agresseur, elle a omis de retranscrire les insultes racistes. Le mot « bicot », pourtant parfaitement audible, n’apparaît pas dans le procès-verbal. « D’après le procureur, on n’entend pas “Bicot tu passes sous le capot” », s’étonne Sefrioui.
Pire, le magistrat a décidé de poursuivre la victime. Celui-ci a d’abord reçu une convocation au commissariat au mois de mai. La police souhaitait lui signifier un rappel à la loi pour « violences légères ». Mais, M. Sefrioui, refusant de se voir considéré comme un agresseur, ne se rend pas à la convocation.
De victime à agresseur présumé
Suite à ce refus, le procureur du Jura a décidé de poursuivre la victime présumée de l’agression raciste. Selon la convocation, le magistrat reproche à la victime « d’être auteur de discours, cris ou menaces dans un lieu public comportant une expression outrageante, un terme de mépris ou une invective, injurié […] notamment en le traitant de “sale facho” ».
Ensuite, le procureur estime que le prévenu a « volontairement commis des violences n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail sur la partie plaignante ». Enfin, il ajoute que Sefrioui a « volontairement détruit, dégradé ou détérioré un véhicule ».
Résultat : Adil Sefrioui, sera sur le banc des accusés le 22 juin prochain aux côtés de son agresseur. Non seulement le procureur « n’a pas retenu le motif raciste, mais en plus il a estimé qu’il n’y avait pas de volonté d’homicide » alors que la vidéo de la scène montre clairement le véhicule lui foncer dessus et défoncer la palissade.
La famille Sefrioui a donc décidé de demander le renvoi du dossier à un juge d’instruction en vue de la mise en examen de son agresseur pour « tentative de meurtre ».