Victime de violences conjugales, Khadija appelle à un rassemblement ce lundi devant le parvis des Droits de l’homme à Paris
Khadija, une jeune femme de 34 ans, qui tient à garder l’anonymat de peur des représailles, appelle à un rassemblement ce lundi (12 février) à 18h30 devant le parvis des Droits de l’homme à Paris. Elle souhaite interpeller Gérald Darmanin car elle se sent toujours en danger.
Khadija été victime de violences répétées et de viols de la part de son ex-compagnon. Son agresseur, condamné à huit ans de prison en 2020 par la cour d’assises de Limoges (NDLR : condamné pour violences répétées mais acquitté pour les viols dont Khadija l’accusait), doit sortir de détention samedi prochain.
Une histoire ubuesque aux relents kafkaïens. Le procès de son agresseur s’est déroulé en l’absence de Khadija, pourtant constituée partie civile et impliquée tout au long de l’instruction. Elle n’avait pas été informée de la tenue de l’audience (voir nos éditions). Le tribunal avait envoyé la convocation à une adresse qui n’était pas la bonne !
Depuis plusieurs années, Khadija demande en vain à la justice un nouveau procès. « Je n’ai pas pu donner ma version des faits à l’audience. J’aurais aimé faire entendre ma voix, exprimer mes souffrances, faire part de mes craintes », regrette-t-elle au téléphone, la voix remplie d’émotion.
Khadija aimerait surtout que la loi change : aujourd’hui, aux assises, seul l’accusé et le ministère public peuvent faire appel d’une décision.
Khadija, plus connue sous le nom de Khadija La Combattante, – c’est comme ça qu’on peut la suivre sur les réseaux sociaux -, a du mal à rester calme depuis qu’elle a appris que son ancien compagnon va être libéré dans une semaine. « Il est capable de tout. En plus des viols, il a tenté de me tuer en me suspendant au dessus d’un pont. Il a déjà été condamné à huit reprises. La prison ne lui fait pas peur », raconte la trentenaire.
Marocain, sans papiers, – la préfecture ne lui a pas renouvelé sa carte de séjour dixit Khadija -, le juge d’application des peines aurait demandé dès sa sortie de prison son expulsion vers son pays d’origine, mais le consulat marocain n’aurait pas encore délivré un laissez-passer, document indispensable qui permet d’officialiser la reconnaissance par le Maroc de la nationalité de l’agresseur de Khadija. Sans ce papier, l’agresseur de Khadija pourrait encore rester de longs mois sur le territoire français.
Il y a deux jours, le 8 février, Gérald Darmanin postait une vidéo sur X (anciennement Twitter) où il demandait aux Préfets de « regarder tous les dossiers des étrangers qui auraient été condamnés à une peine de prison de plus de cinq ans ».
Khadija y a vu un signe. Ce lundi, elle espère qu’elle sera entendue par le ministre de l’Intérieur.