Vibrant hommage à Izza Génini, pionnière du film documentaire au Maroc

La réalisatrice marocaine Izza Génini aux côtés de Martin Scorsese, lors de la projection du film Transes du Marocain Ahmed El Maanouni, qu’elle a produit, à Marrakech, le 9 décembre 2007, en marge du Festival international du film de Marrakech. (Photo : ABDELHAK SENNA / AFP)
Un vibrant hommage a été rendu, samedi à Ifrane, à la réalisatrice marocaine Izza Génini, pionnière du film documentaire au Maroc, en marge de la 7e édition du « Al Akhawayn Short Film Festival ».
Cette reconnaissance vient saluer une carrière exceptionnelle, consacrée à la mise en lumière de la richesse culturelle du Maroc, à travers une œuvre cinématographique qui a su immortaliser les héritages, les peuples, les régions et les récits fondateurs de l’identité marocaine.
L’événement, organisé par l’Université Al Akhawayn (UAI), a également été marqué par la projection en avant-première nationale du dernier documentaire de Mme Génini, « Meqbouline, les hôtes de Toumliline », un film consacré au monastère bénédictin de Toumliline, établi entre 1952 et 1968 à Azrou.
Izza Génini a exprimé son émotion et sa gratitude pour cet hommage, notant que cette occasion revêt un caractère « presque magique », celle de présenter en avant-première son dernier film documentaire.
La cinéaste a souligné la symbolique particulière de cette projection à Ifrane, ville voisine de Toumliline, et au sein d’une université dont le nom même, selon elle, « colle parfaitement au film », rappelant que le documentaire revient sur une période singulière de l’histoire du Maroc, marquée par l’expérience unique de ce monastère, devenu un lieu d’échange, de réflexion et de dialogue entre cultures, religions et générations.
« Cela a été une expérience absolument extraordinaire, à l’avant-garde de tout ce que l’on peut appeler aujourd’hui le dialogue interreligieux et le vivre ensemble », a-t-elle ajouté, mettant également en avant le caractère naturel et spontané de cette cohabitation spirituelle et humaine.
Un engagement dans la transmission des valeurs d’ouverture et de diversité
À travers cet hommage, l’Université Al Akhawayn et les organisateurs du festival ont salué non seulement une cinéaste d’exception, mais aussi une passeuse de mémoire, engagée dans la transmission des valeurs d’ouverture, de diversité et de patrimoine commun.
Née à Casablanca en 1942, Izza Génini quitte son Maroc natal en 1960 pour suivre des études de lettres et de langues étrangères à la Sorbonne et à l’École des Langues Orientales, avant de s’occuper, de 1966 à 1970, des relations extérieures des festivals de Tours et d’Annecy.
En 1973, avec Louis Malle et Claude Nedjar, elle crée la société SOGEAV (aujourd’hui dénommée OHRA) pour le rachat de la salle qui développera par la suite la promotion de films marocains : Les Mille et Une Mains, Alyam, Alyam, Transes… ainsi que l’exportation de films en Afrique comme Rue Cases-Nègres, Bob Marley, Reggae Sunsplash… ainsi que la distribution en salles des films Il Bacio di Tosca, Ablakon…
En 1987, date de fermeture de la salle de projection et après quelques productions de longs métrages, dont en 1981 Transes, réalisé par Ahmed El Maanouni, Izza Génini se lance dans la réalisation de films documentaires essentiellement consacrés à la musique et à la culture du Maroc.
Depuis 2013, elle réalise aussi des documentaires plus personnels et privés qu’elle regroupe dans ce qu’elle appelle son « Cinéma Maison ». En 2018, le festival « Toute une semaine avec Izza » est créé en son honneur au cinéma Ritz de Casablanca.