Vers un nouveau plan de restructuration de Tunisair
Toujours en pleine zone de turbulences financières, administratives et sociales, le transporteur national tunisien entend profiter d’une nouvelle direction et de vis-à-vis gouvernementaux volontaristes pour tenter de redresser la compagnie à la gazelle.
Lors d’une réunion avec le PDG de Tunisair, Khaled Chelly, le ministre des Transports, Rabie El Majidi a affirmé hier la nécessité de présenter « un projet intégré de restructuration de la compagnie aérienne dans les plus brefs délais », et de préparer la réception de nouveaux appareils destinés à enrichir la flotte du transporteur pour l’exercice 2022 – 2023. Le renouvellement d’une flotte vieillissante est en effet l’un des aspects clés de l’amélioration d’indicateurs d’activité en pleine convalescence.
Le 24 décembre dernier, Tunisair recevait un nouvel avion de type Airbus A320 Neo, désormais le fleuron inédit de sa gamme. Cela peut paraître anecdotique, mais l’évènement célébré en grande pompe est aussi censé par sa symbolique insuffler du sang neuf et remobiliser des troupes démotivées notamment par les récentes campagnes de dénigrement, y compris à l’international.
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Cette nouvelle génération d’appareils offrirait une économie de kérosène de 20% et serait également réputée pour son faible coût d’entretien et sa capacité d’emport supérieure. L’Airbus A320 Neo n’est en outre qu’une première acquisition d’un lot de cinq permettant à terme de renforcer la flotte de la Gazelle.
Contournement des difficultés financières
En octobre dernier, Tunisair avait annoncé avoir conclu un contrat « sale and leaseback » pour acquérir cinq avions en vue de renforcer et moderniser sa flotte. L’opération consiste à céder des actifs et les reprendre en location de longue durée. La compagnie aérienne n’en devient ainsi propriétaire qu’à la fin du bail.
Le renouvellement de la flotte devrait selon la compagnie mettre un terme aux problèmes chroniques du retard de ses vols.
S’agissant du projet de restructuration de Tunisair, plus précisément sur le plan de la « rationalisation des ressources humaines », il s’agira selon la direction en place depuis l’été 2021 de rajeunir son personnel « en favorisant la formation et le recours à de jeunes compétences, tout en en incitant les anciens employés au départ à la retraite anticipée afin d’alléger les charges ». Tunisiair prévoit par ailleurs de réduire le nombre d’avions en service et les types d’appareils exploités (d’anciens A320 et A330), dans le but de réduire les frais de maintenance et de formation des pilotes.
Depuis fin 2018, Tunisiair négocie avec la centrale syndicale UGTT le licenciement de près de 1200 employés sur les 8000 que compte son effectif. « L’entreprise pâtit face à la concurrence à cause du nombre élevé de travailleurs et de la masse salariale déraisonnable de l’entreprise », avait déjà soulevé l’ancien PDG Elyès Mnakbi. A titre de comparaison, Royal Air Maroc avec sa flotte de 50 avions emploie 3 300 employés selon son site Internet.
« Dans n’importe quel pays, chaque avion est censé correspondre à environ 80 employés, mais à Tunisair, chaque avion compte 165 employés, un fardeau insoutenable pour le bilan de la société », avait regretté la même source.