Vaccins : levée temporaire des brevets, oui pour le Maroc, la France et l’Espagne
Les laboratoires pharmaceutiques sont propriétaires de leurs médicaments et vaccins pendant 20 ans, après leur mise sur le marché. La levée temporaire des brevets des vaccins contre le Covid représente désormais une ligne de fracture dans le monde et au sein même de l’Union Européenne
En ces temps de pandémie où les États les plus pauvres peinent à répondre à la demande de leurs populations, faute de doses suffisantes de vaccins, certains pays ont demandé à l’Organisation Mondiale du Commerce, une levée temporaire des brevets des vaccins contre le Covid.
Évidement, les laboratoires détenteurs de la potion magique crient au scandale ! En effet, si l’OMC acquiesçait à la requête des pays demandeurs, la recette des vaccins tomberait dans le domaine public accompagnée d’une perte partielle ou totale de profits. Une catastrophe pour les laboratoires en question.
Seulement et compte tenu de la situation de plus en plus préoccupante dans plusieurs régions du monde où le virus est hors de contrôle, une centaine de pays demande la levée temporaire de brevets. Le Pakistan, le Bangladesh, le Maroc, l’Égypte, le Sénégal mais également la France qui a changé d’avis et l’Espagne demandent la levée des brevets. Le Maroc et l’Égypte assurent même qu’ils peuvent garantir la production des vaccins sur leur sol. L’accord inattendu de Washington exprimé explicitement par le président américain Joe Biden, le 7 mai, a apporté un soutien inestimable aux pays requérants et pourrait accélérer les choses dans le sens de la levée.
Priver les laboratoires de profits «colossaux» ne les inciteraient plus à continuer les recherches
A l’opposé, certains pays sont hésitants voire totalement contre, comme le Brésil, le Canada, le Royaume Uni, l’Allemagne, la Suisse, le Japon et l’Australie. Ces pays dont les laboratoires détiennent le monopole d’exploitation affirment que les nouveaux vaccins réclament une technologie et un savoir-faire tels qu’il faudrait du temps pour les maitriser. Sans parler des matières premières difficiles à obtenir.
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Le Laboratoire Pfizer affirme, pour sa part, que son vaccin a tellement de composants qu’il est presque impossible de mettre au point le vaccin sans son propre concours. Autre argument que les laboratoires agitent ; les priver des profits «colossaux» que ces vaccins sont en train de générer, ne les inciteraient plus à continuer les recherches pour créer d’autres vaccins et lutter contre les nouveaux variants en train de se manifester, à mesure que le virus circule dans le monde.
Contre exemple, il y a 20 ans, pourtant, plusieurs États avaient imposé des levées de brevets pour fabriquer leurs médicaments contre le Sida. Les recherches dans les grands laboratoires ne s’étaient pas arrêtées pour autant. Autre temps, autres enjeux. Des réunions sont attendues à Genève, au siège de l’OMC. Une décision devra tomber les premières semaines du mois de juin. Entre temps, le virus fauche des centaines de milliers de vie à travers le monde. Quant à la ligne de fracture, elle est de plus en plus profonde entre les deux camps et leurs lobbies sont à la manœuvre, quand ils ne s’écharpent pas à coup de déclarations interposées.