[Urgent] Tunisie. Démission du ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine

Coup de tonnerre : en plein direct, alors qu’il répondait aux questions des médias en marge d’une cérémonie de remise de diplômes à des officiers de la garde nationale, le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, a annoncé ce vendredi 17 mars 2023, sa démission de son poste. C’est une pièce maîtresse du dispositif sécuritaire et politique du régime, un proche du président Kais Saïed, qui part ainsi de façon spectaculaire, en plein effort répressif « d’assainissement de la scène politique » comme il aimait à le rappeler jusque récemment.  

Taoufik Charfeddine a précisé qu’il avait présenté sa démission au président de la République dès hier jeudi, affirmant que ce dernier a accepté de lui « ôter la lourde responsabilité » de ce ministère. Il a néanmoins tenu à le remercier pour la confiance qu’il lui a accordé.

S’adressant aux médias, il a affirmé : « Je n’ai aucun problème, je reste à votre disposition, le peuple tunisien a le droit d’avoir les informations qu’il désire, si vous voulez me faire part de critiques, n’hésitez pas (…) je suis heureux que ce soit aujourd’hui notre dernière rencontre médiatique (…) », elliptique dans un premier temps.

« J’ai été honoré de porter la mission à la tête du ministère de l’Intérieur que m’a confiée le président de la République, ce ne fut pas facile et j’adresse mes remerciements et mon respect au président pour sa précieuse confiance et qui a hier compris la situation et a accepté qu’il me dégage de cette mission (…) une autre mission m’appelle (…) plus importante que toutes, les hommes et les femmes sont nombreux, mais un père est unique et je suis investi par une mission confiée par mon épouse qu’elle repose en paix et il est temps que je retourne auprès de mes enfants », a déclaré le ministre.

En juin 2022, l’épouse de Charfeddine avait succombé à ses blessures suite à un accident domestique, une explosion de gaz survenue dans la cuisine de leur résidence.

Une proximité humaine et idéologique avec Kais Saïed

Titulaire d’une maîtrise en droit de la faculté de droit de l’université de Sousse et d’un certificat d’aptitude à la profession d’avocat, Charfeddine devient avocat auprès de la Cour de cassation en 2008. Il est membre de la section régionale des avocats à Sousse chargé de l’activité scientifique et des séminaires, ainsi que de la commission juridique de la Ligue du centre de football.

En 2019, il devient le coordinateur bénévole de la campagne électorale présidentielle de Kaïs Saïed à Sousse, un effort récompensé par un poste de ministre de l’Intérieur. Mais le 5 janvier 2021, le chef du gouvernement Hichem Mechichi met fin à ses fonctions. Le 8 avril, il est nommé par le président Kaïs Saïed comme président du Comité supérieur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales en guise de consolation. Cependant le 11 octobre de la même année, il revient à la tête du ministère de l’Intérieur dans le gouvernement de Najla Bouden.

Le 7 mars 2023 à Ben Guerdane, il a appelé les Tunisiens à se souder autour de « l’effort de guerre mené par le président », « une guerre contre des hommes d’affaires et des journalistes » qu’il a qualifié de « mercenaires et de traîtres ».