Université Ibn Tofail de Kénitra. La Fondation Sidi Mchiche Alami livre ses secrets dans une exposition fascinante

 Université Ibn Tofail de Kénitra. La Fondation Sidi Mchiche Alami livre ses secrets dans une exposition fascinante

Le Dr Mustapha Mchiche El Alami présentant l’exposition au président de l’Université Ibn Tofaïl, le professeur Mohamed Larbi Kerkeb. Photo : DR

Ambiance exceptionnelle à l’Université Ibn Tofail de Kénitra, au regard de l’affluence et des échanges riches et passionnants entre les étudiants et le président de la Fondation Sidi Mchiche El Alami.

Curiosité scientifique oblige, le Dr Mustapha Mchiche El Alami a eu besoin de toute sa patience pour expliquer en détail à l’audience l’histoire de chacun des nombreux objets, manuscrits, tableaux et autres archives exposés par la Fondation dans les locaux de l’université.

Comme le sujet de l’exposition s’y prête – La lutte des Marocains contre le colonialisme portugais, espagnol et français entre le XVe et le XXe siècle –, le public venu nombreux écoutait religieusement l’épopée de chaque tableau, l’histoire des manuscrits et le parcours parfois compliqué des autres objets, soigneusement rassemblés par cet homme d’affaires bien connu de la région.

Plusieurs décennies de recherches à travers l’Europe ont été nécessaires pour dénicher la pièce rare qui raconte une partie, fût-elle infime, de l’histoire mouvementée du royaume, convoité par des puissances européennes avides de s’approprier ses richesses.

En effet, et les nombreux tableaux exposés en sont les témoins vivaces, entre l’Europe et le Maroc, l’histoire est riche en événements, certains tragiques, d’autres moins problématiques.

Tout en livrant au pays une guerre idéologique, des puissances européennes supposées alliées du royaume se sont immiscées dans ses affaires, tandis que de nombreux États européens se comportaient en agresseurs, au moment où le Maroc privilégiait la paix pour se concentrer sur d’autres défis.

C’est pour cela que le travail de fond mené par la Fondation Sidi Mchiche El Alami (en plus de ses multiples actions humanitaires) sur l’histoire de la lutte contre la colonisation portugaise ou française a le mérite de provoquer une prise de conscience sur l’insuffisance des moyens alloués à la vulgarisation d’une époque cruciale de l’histoire du royaume.

Un discours de vérité commence à se faire entendre, notamment parmi les chercheurs, sur l’indispensable pédagogie à mener auprès des étudiants en particulier et des citoyens en général quant à la complexité de ces périodes sombres de la colonisation.

Une meilleure connaissance de notre histoire impose un sursaut dont le premier acte pourrait être une volonté politique de lever le voile sur cette époque et d’investir dans la recherche historique.

Dans cette perspective, le travail de longue haleine effectué par la Fondation Sidi Mchiche Al Alami est vraiment louable, dans la mesure où sa crédibilité est reconnue à l’échelle internationale. L’approche choisie dès le départ semble avoir tranché avec l’élitisme ambiant et, désormais, ce sont des citoyens lambda qui viennent visiter les expositions et assister aux conférences organisées par la Fondation à Kénitra, la capitale du Gharb.

Une Fondation également ouverte à un large public à travers les réseaux sociaux, encourageant ainsi la naissance d’un espace d’éducation historique pour un grand nombre de citoyens, car une meilleure connaissance du passé enrichit le présent et prépare l’avenir.

Car, malgré tout ce que l’on pense, il s’agit là de questions concrètes qui impactent fortement notre présent.