Une majorité de Tunisiens dans les centres de détention en Italie

 Une majorité de Tunisiens dans les centres de détention en Italie

Un centre d’hébergement à Pozzallo a été créé en septembre 2023 avec pour objectif de décongestionner le centre de détention de migrants de Lampedusa

Le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor, a indiqué que plus de la moitié des individus passés par les centres de rétention italiens au cours des cinq dernières années étaient sont de nationalité tunisienne.

« Ces individus ont été confrontés à diverses violations, entraînant plusieurs décès suspects, des tentatives de suicide et même plusieurs cas de suicides », a cependant révélé la même source associative à propos des violations des droits humains qui auraient touché de nombreux Tunisiens à leur arrivée sur les côtes italiennes.

En marge d’une projection d’un documentaire à Tunis, Ben Amor a souligné l’urgence pour les autorités italiennes de respecter les droits et la dignité des migrants, suite à une condamnation de l’Italie par la Cour européenne des droits de l’homme pour détention et déportation forcée de trois migrants tunisiens dès mars 2023 puis en octobre de cette même année. La CEDH avait alors ordonné au pays le dédommagement de ces migrants, estimant qu’ils avaient subi un traitement « inhumain et dégradant » dans l’île italienne de Lampedusa.

Le FTDES a par ailleurs appelé les autorités tunisiennes à garantir davantage les droits et la dignité des migrants irréguliers arrivant en Italie mais aussi à « mettre fin aux accords facilitant les expulsions forcées des Tunisiens hors du territoire italien ». Ben Amor a précisé que plus de 65% des personnes expulsées d’Italie en 2022 étaient Tunisiennes, arrivant dans les aéroports de Monastir ou de Tabarka sans la présence des médias ni de la société civile, une réalité que l’État tunisien cherche à dissimuler.

 

Morts troublantes et suspicions de maltraitance

Dans les centres de détention des migrants irréguliers, la question de la violation des Droits suscite régulièrement de vifs débats plus récemment, et ce sont les Tunisiens qui subissent de plein fouet ce phénomène selon ce qu’a également affirmé le porte-parole du Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux.

53% des individus qui sont passés par les centres de détention de l’Italie entre 2018 et 2023 sont des Tunisien(ne)s selon Ben Amor. Pire encore : ils auraient subi, selon le porte-parole du FTDES, de nombreuses violations ayant causé des décès suspects, au-delà des cas de suicide.

« Ce sont des décès suspects et qui prêtent à équivoque » s’interroge Romdhane Ben Amor. « Les autorités tunisiennes devraient par conséquent cesser toute coopération permettant à l’Italie de bénéficier d’un cadre légal qui permet d’exclure, de manière abusive, les Tunisiens », a conclu Ben Amor, rappelant que la liberté de déplacement est un droit fondamental consacré dans l’article 13 de la déclaration universelle des droits de l’Homme.

Or, promulgué en mai dernier, le décret Cutro inaugure en Italie de nouvelles mesures en matière de lutte contre la migration clandestine, notamment la facilitation des déportations avec une liste actualisée des pays vers lesquels l’Italie peut renvoyer des migrants dont la Tunisie.