Une majorité de migrants en Tunisie sont arrivés via l’Algérie
Une étude publiée le 23 juillet 2024, menée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), révèle que 60% des migrants irréguliers en Tunisie sont arrivés par la frontière terrestre avec l’Algérie, supplantant largement les entrées via la Libye.
Portant sur un échantillon de 379 migrants, cette enquête montre en outre que 23% d’entre eux ont traversé la frontière libyenne pour entrer en Tunisie, ce qui fait de la frontière terrestre le principal point de passage pour plus de 83% des migrants.
La recherche, réalisée entre mars et mai 2024, indique que la majorité des migrants viennent de pays d’Afrique subsaharienne, dont le Soudan, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire, suivis de la Guinée Conakry, tandis que la Mauritanie, l’Éthiopie et l’Érythrée sont les derniers pays en nombre de migrants sur le sol tunisien.
Précarité et motifs essentiellement politico-économiques
Les migrants en situation irrégulière représentent 62,8% des personnes interrogées, tandis que les demandeurs d’asile représentent 25%, précise l’étude. Les principaux motifs de migration sont principalement la fuite des régimes répressifs (66 %) et des changements climatiques, révèle la même source. Ainsi sur le plan des conditions de vie, 75,4 % des migrants ont dû changer de résidence au moins une fois « afin d’échapper aux autorités », et nombreux sont ceux qui vivent dans des conditions précaires.
L’étude montre également que 77% des Subsahariens ont subi des violences, « principalement verbales et racistes ». La situation des migrants en Tunisie est jugée préoccupante pour le FTDES, avec des difficultés d’accès aux soins et une large propension à la migration par voie maritime vers l’Italie.
Le Forum souligne par ailleurs « la responsabilité des autorités tunisiennes dans les tensions entre migrants et citoyens », en raison du manque d’opportunités de travail et de soutien financier pour les migrants. Les résultats complets de l’étude seront publiés en septembre-octobre prochain.
Pour les principales formations de l’opposition tunisienne, l’actuel pouvoir ménage dans sa gestion de ce dossier la responsabilité du grand voisin algérien, pour se focaliser, en sus des reconduites polémiques vers la frontière libyenne, sur « la rengaine de la nouvelle donne du contexte mondial » en guise d’argumentaire, comme en atteste la dernière visite du président de la République Kais Saïed notamment dans les foyers de tension aux environs de la ville de Sfax.
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