Une délégation du FMI reporte sa visite en Tunisie

 Une délégation du FMI reporte sa visite en Tunisie

S’il fallait une indication supplémentaire attestant du fait que les négociations entre le pays et le Fonds monétaire international (FMI) patinent encore, nous y sommes. L’importante visite d’une délégation du Fonds en Tunisie, initialement prévue à partir du 5 décembre jusqu’au 17 décembre 2023, a en effet été reportée sine die. Explications.

Elle avait pourtant été annoncée en grande pompe par le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) Marouane Abassi en personne, à la mi-octobre dernier : censée tourner la page et entamer un nouveau round de négociations après l’impasse dans laquelle les deux interlocuteurs se trouvent depuis 2019, la visite se voit donc reportée sans plus d’explications, du moins via les canaux officiels.

C’est en tout cas ce que révèle en l’absence de nouvelles de ladite visite en ce jour J une source de la BCT, précisant ce report serait « causé par la situation mondiale actuelle, et plus particulièrement la guerre à Gaza ». Est-ce à dire que l’isolationnisme économique préconisé par les derniers discours du président de la République Kais Saïed, qui entend se tourner vers de nouveaux partenaires dont la Russie et le Moyen-Orient, pour financer les carences du budget de l’Etat, y sont pour quelque chose ?

Ou bien le FMI choisit-il plus récemment de temporiser davantage encore s’agissant du partenariat avec la Tunisie de Kais Saïed qui a ajouté à l’isolationnisme économique un isolement diplomatique voulu, en jouant de la surenchère rhétorique sur la question israélo-palestinienne ?

 

Pas de nouvelle date à l’ordre du jour

Quoi qu’il en soit, aucune nouvelle date n’aurait été retenue à ce jour en vue d’un report de cette visite cruciale, d’après la même source de la BCT qui rappelle à ce titre que « le calendrier est piloté par le FMI d’un commun accord avec les pays membres ».

Cette mission de consultation sera effectuée au titre de l’article IV et dont l’objectif est « l’examen des performances économiques de la Tunisie », avait souligné le gouverneur de la BCT. Il a ajouté que des réformes discutées avec le FMI ont bien été réalisées et mises en œuvre dans le cadre de la loi de finances pour l’année 2023, citant à titre d’exemple la révision à la hausse de la TVA pour les professions libérales. Des réformes qui ont du reste contribué de façon notable cette année aux recettes fiscales de l’Etat.

Si le gouverneur Marouane Abassi a estimé que cette visite encore d’actualité signifie un rétablissement de la communication entre la Tunisie et le bailleur de fonds, on ne peut que constater la dissonance entre la communication en porte-à-faux de la BCT d’un côté, et les déclarations souverainistes du chef de l’Etat qui ne manque pas une occasion des deux dernières années pour prôner l’affranchissement vis-à-vis du FMI et des créanciers occidentaux traditionnels de la Tunisie.

Il y a deux mois, la Banque mondiale avait pour sa part révisé nettement à la baisse ses prévisions de croissance pour le pays à seulement 1,2% pour l’ensemble de l’année 2023.

 

>> Lire aussi : Entre la Tunisie et le FMI, la rupture est consommée ?