Une délégation du Conseil de l’Europe se rend à Tunis pour s’enquérir d’un dossier judiciaire

 Une délégation du Conseil de l’Europe se rend à Tunis pour s’enquérir d’un dossier judiciaire

Composé d’une dizaine de juristes, le comité de défense des militants politiques arrêtées dans le cadre de l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’Etat a annoncé qu’une délégation du Conseil de l’Europe est attendue bientôt à Tunis, afin de requérir des précisions autour des accusations pesant indirectement sur des diplomates européens dans le cadre du même dossier.

 

Intervention de l’avocate Islem Hamza

 

Au cours d’une conférence de presse tenue à Tunis, les avocats membres du comité de défense ont considéré que « l’Etat tunisien a de facto impliqué des diplomates étrangers dans une affaire à caractère criminel et terroriste » ce qui a « engendré une grave une crise diplomatique ». A cet égard l’avocate Dalila Ben Mbarek, dont le frère Jaouhar Ben Mbarek est l’un des principaux activistes incarcérés, affirme que les membres du Conseil de l’Europe seront à Tunis pour s’informer de l’état d’avancement de ce dossier, plus précisément s’agissant de l’implication présumée des diplomates de pas moins de six pays dans cette affaire (les Etats-Unis, en sus de cinq chancelleries européennes).

 

Appel à la mobilisation

Ben Mbarek a en outre fait savoir que le comité de défense et la coordination des familles des personnes arrêtées dans le cadre de ladite affaire continueront d’observer des rassemblements de protestation de façon hebdomadaire pour exiger la libération des détenus, appelant davantage de forces politiques et civiles à participer à ce mouvement. Rappelons que les arrestations opérées dans le cadre de l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’Etat datent du mois de février 2023, et qu’elles visent des responsables politiques de l’opposition, des avocats ainsi que des hommes d’affaires.

La porte-parole du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme qui s’est saisi de l’affaire, avait expliqué que les enquêtes préliminaires ont permis de révéler l’identité des administrateurs supervisant les pages suspectées d’avoir publié sur les réseaux sociaux des extraits de procès-verbaux fuités des enquêtes en cours sur l’affaire de complot contre la sûreté intérieure.

Dans une récente déclaration, la même source a précisé que les enquêtes menées ont par ailleurs permis d’identifier les personnes ayant fourni ces extraits aux administrateurs de ces pages Facebook, ajoutant « qu’il s’agit d’une atteinte aux institutions de l’Etat et d’une tentative visant à nuire aux relations diplomatiques de la Tunisie ». Or, ce zèle des autorités à se défendre de toute incrimination de diplomates étrangers constitue en soi pour la défense « un aveu implicite innocentant également les parties tunisiennes, puisque ces dernières ne sauraient comploter de façon unilatérale ».

Pour la membre du comité de défense Islem Hamza, les opposants à l’actuel régime n’ont fait que répondre à des invitations à des réunions publiques entrant dans le cadre des activités conventionnelles des ambassades en question, qui tentaient en l’occurrence de rapprocher les points de vue entre le pouvoir et l’opposition et d’initier un dialogue politique dans le pays en proie à une impasse institutionnelle depuis le coup de force du président Saïed en juillet 2021.