Un remaniement ministériel imminent exclut Ennahdha du pouvoir

 Un remaniement ministériel imminent exclut Ennahdha du pouvoir

L’entente cordiale entre les deux hommes appartient désormais au passé. Plusieurs ministres importants sont concernés par le remaniement. Parmi eux, le ministre d’Etat du Transport et celui des Collectivités locales, mais aussi celui de la Santé.

Remaniement ministériel : C’est une subtile et complexe partie d’échecs qui se joue en Tunisie où Ennahdha est aux prises avec une coalition gouvernementale dont le chef, Elyes Fakhfakh, a annoncé lundi soir un remaniement qui évincerait les ministres islamistes. 

Lui-même affaibli par une affaire de conflit d’intérêts, le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh a décidé d’opérer un remaniement ministériel. L’annonce est intervenue dans un long communiqué de la Kasbah, lundi soir 13 juillet 2020. Une initiative qui survient à la suite de la décision du conseil de la Choura d’Ennahdha d’entamer des négociations afin de changer le chef du gouvernement. La meilleure réponse est l’attaque ? Cela semble être le credo du locataire de la Kasbah qui, fort du soutien du président de la République, va donc s’atteler à l’évincement total d’Ennahdha du pouvoir. Une situation inédite pour le parti islamiste qui fut de tous les gouvernements depuis 2011.

Dans cette déclaration d’intention, Elyes Fakhfakh compte ainsi remplacer les ministres nahdhaouis étant données les positions hostiles prises à son encontre par son ancien allié islamiste, et en l’absence de solidarité gouvernementale. Un remaniement qui sera effectif « dans les jours à venir », à en croire le communiqué.

Pour le bureau exécutif d’Ennahdha, Fakhfakh « tente d’opérer un putsch contre le résultat des élections législatives » de novembre 2019, qui avaient vu les islamistes arriver en tête.

 

Un communiqué à charge, à la tonalité sans précédent

Réagissant clairement aux manœuvres d’Ennahdha le communiqué précise : « Le chef du gouvernement a déployé, au cours des dernières semaines, de nombreux efforts pour renforcer la coalition gouvernementale. Cependant, ces efforts ont été vains, annihilés par les efforts parallèles et infructueux du mouvement Ennahdha visant à perturber l’action gouvernementale. Ce qui affaiblit son harmonie et sa volonté de rompre avec l’ancien modèle de gouvernance du pays, et nuit à sa stabilité… ».

Sur le même ton inhabituel pour un communiqué officiel de l’exécutif, le texte rappelle qu’Ennahdha avait accepté d’être membre de la coalition gouvernementale et avait signé le document contractuel en ce sens. Il ajoute que son appel à former un nouveau gouvernement est par conséquent une violation flagrante du contrat politique qui le lie aux autres partis et au chef du gouvernement.

La présidence du gouvernement a estimé qu’Ennahdha a prétexté l’affaire « montée en épingle du conflit d’intérêts pour expliquer sa décision et servir ses intérêts partisans étriqués ».

« Cet appel vient à l’encontre du principe de solidarité gouvernementale et ne laisse aucun doute sur les intentions d’Ennahdha de se défiler de ses obligations et engagements envers ses partenaires de la coalition et des efforts nationaux pour le sauvetage de l’économie du pays ».

Le parti de Rached Ghannouchi espérait reprendre la main après l’avoir perdue fin 2019, n’ayant pas réussi à obtenir la confiance de l’Assemblée pour son gouvernement Jemli. Devancé par le duo Elyes Fakhfakh / Kais Saïed, il pourrait soit se retrouver pour la première fois dans l’opposition, soit entamer un numériquement difficile retrait de la confiance au gouvernement.