[Vidéo] Quand Rachid Taha déconseillait d’immigrer en France
C’est sans doute l’une des dernières apparitions médiatiques de Rachid Taha, dont le corps vient d’être rapatrié dans son Algérie natale pour y être inhumé aujourd’hui vendredi. Le 15 août dernier, en marge d’un déplacement à Tunis, il livrait sur une radio locale le fond de sa pensée à propos de la recrudescence du racisme en France ces dernières années. Extrait.
L'entretien était conduit en français et arabe dialectal tunisien
C’est dans la soirée d’hier jeudi 13 septembre que le corps de l’artiste est arrivé à l'aéroport international Ahmed Benbella à Oran. L'enterrement aura lieu cet après-midi dans sa ville natale de Sig (anciennement connue sous le nom de Saint-Denis-du-Sig), plus précisément dans la commune de Mascara. Le chanteur est pour rappel décédé chez lui en France, d’un arrêt cardiaque dans son sommeil, la nuit du mardi au mercredi à l’âge de 59 ans.
Un ultime conseil, aux accents de mise en garde, adressé aux jeunes Tunisiens
Il y a moins d’1 mois, Rachid Taha devait animer une soirée privée le 16 août en duo avec l’artiste tunisien Si Lemhaf à Gmamarth, dans la banlieue nord de Tunis. La veille, il était invité par Mosaïque FM où, provoqué par l’animateur Hédi Zaiem, l’artiste a renoué avec le franc-parler qu’on lui connait, en livrant une sorte de dernière volonté.
« Les Arabes ne passent pas à la TV en France, il faut le savoir ! Les médias français ne parlent de nous qu’au travers de l’unique prisme du terrorisme, de la criminalité ou du football. Quand on fait de l’art, on ne parle pas de nous ! », fustigeait Taha, avant de surenchérir « Ils nous détestent ! Bien sûr qu’ils sont racistes […] La dernière mode c’est Alexandre Benalla, demandez-vous pourquoi ! Idem pour l’actuelle équipe de France de football où il n’y a plus aucun nom d’Arabe, ils les ont éliminés sciemment. Moi-même je ne passe plus à la télé depuis 20 ans ! ».
Avant de conclure visiblement dépité en énumérant les pays européens où progresse l’extrême droite : « Si vraiment vous voulez émigrer, n’émigrez pas en France les mecs ! C’est fini ! ».
Etonnant pour l’interprète de « Douce France » ? Celui que certains considèrent comme un modèle d’un alliage culturel entre sensibilités orientales et occidentales ? En réalité pas pour ceux qui connaissent l’engagement antiraciste de Rachid Taha depuis les années 80. Dans l’une de ses rares apparitions TV en 1987, il s’exclamait en effet : « Moi le raciste moyen, celui de la rue, je m’en fous, je ne le trouve pas très dangereux, je peux me défendre. C’est le racisme politique et médiatique que je crains ».
Dans son dernier entretien tunisien, le chanteur confessait enfin être « plus proche du rock que du raï », citant Led Zeppelin comme sa principale influence musicale rock.
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