[Vidéo] Olivier Roy : « Une religiosité déculturée est un vecteur de radicalisation »
Le politologue français Olivier Roy, l’un des spécialistes les plus en vue des questions relatives à l’islam et à la « radicalisation », est à Tunis pour une série de conférences – débats autour de la question « Comprendre l’extrémisme violent : culture, politique, et globalisation ». Il nous a accordé en exclusivité un entretien vidéo.
Comment expliquer le fameux paradoxe d’une Tunisie terre de modération et de démocratie, pays « plus grand fournisseur en combattants jihadistes » ? Pour Olivier Roy, les raisons sont d’ordre structurel et conjoncturel, dans un pays où sa théorie de la « déculturation » a eu lieu au niveau local, sous l’impulsion du bourguibisme, et où la révolution fut « confisquée par des notables » politiques, laissant livrée à elle-même la jeunesse révolutionnaire.
En France, La prise en charge de la « déradicalisation » est un échec, selon un bilan d’étape d’une mission d’information sénatoriale rendu public fin février dernier. Olivier Roy rend responsable de cet échec l’approche inapproprié à double titre des pouvoirs publics français : une approche caricaturale, pathologiste et criminalisante, là où il faudrait considérer selon lui les radicaux en question comme des militants politiques à part entière.
Auteur de formules devenues célèbres dans les sphères de la recherche telles que « le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste », ou encore « Islamisation de la radicalité », par opposition à la « radicalisation de l’islam » communément admise par le discours dominant, Olivier Roy est un homme qui apparait rarement dans les médias dits « mainstream ». Choix délibéré ou ostracisme médiatique ? Le politologue répond sans détour.
Propos recueillis par Seif Soudani