[Vidéo] Michael Ayari : « Les causes structurelles à l’origine de la révolution sont toujours présentes »

 [Vidéo] Michael Ayari : « Les causes structurelles à l’origine de la révolution sont toujours présentes »

Michael Ayari. Photo / vidéo Seif Soudani – LCDA


Téléchargé plus de dix-mille fois depuis sa publication à la mi-mai 2017, le dernier rapport de l’International Crisis Group s’intitule de façon on ne peut plus explicite : « La transition bloquée : corruption et régionalisme en Tunisie ». Visionnaire, l’analyste principal Michael Ayari y prédit une situation intenable à défaut d’un dialogue national économique, à contre-courant du discours politique officiel vantant le tout récent retour à la croissance et « l’union nationale ». Force est de constater que l’accélération des évènements ces dernières 48 heures à Tataouine semble lui donner raison. Il revient en exclusivité en vidéo sur les grands axes de ce rapport déjà référence. 



Rien ne semble pouvoir arrêter l’escalade redoutée des tensions à Tataouine, dans le sud de la Tunisie. Des milliers de personnes en colère ont afflué mardi aux funérailles du manifestant tué la veille lors d'affrontements avec les forces de l'ordre à proximité d'un complexe pétrolier. De leur côté, les autorités ont mis en garde contre un dérapage de la situation dans la région El-Kamour où un calme précaire régnait à la mi-journée, au lendemain de heurts inédits depuis plus d'un an dans le pays.


Ce tournant tragique ne surprend guère Michael Ayari. L’analyste préconise un dialogue bien plus pragmatique que l’ornemental « gentlemen’s agreement » ou déclaration de bonne intention aujourd’hui en vigueur au sein de la coalition au pouvoir, mais en déliquescence programmée et en proie à des émeutes sociales qui menacent depuis hier de contaminer la capitale Tunis.


Le rapport du Crisis Group formule notamment une proposition assez audacieuse, incluse dans l’initiative du « dialogue économique national », consistant à inclure les hommes d’affaires impliqués dans l’économie informelle, au moment où cette économie parallèle atteint 40 à 50% de l’économie tunisienne.


Un dialogue qui devrait idéalement aboutir à la mise en place de fonds d’investissement public / privé dédiés au développement des régions délaissées, promouvant notamment les secteurs à haute valeur ajoutée, dont sont encore exclus les figures influentes émergentes, tout en facilitant l’application d’une politique plus répressive à l’égard de la corruption et de la contrebande. 


Une voix de la raison qui, si elle aboutit, contribuerait à sortir les régions sinistrées par dix décennies de développement inéquitable de la fatalité du tout répressif face à la récurrente dynamique insurrectionnelle.


 


Propos recueillis par Seif Soudani