[Vidéo] Classe politique et société civile répondent à la question « Quelle justice transitionnelle voulons-nous ? »
A l’initiative de l’Instance Vérité et Dignité, une conférence nationale s’est tenue mardi 9 juin à la Cité des Sciences de Tunis, avec à l’ordre du jour une interrogation sous forme de grand débat de société « Quelle justice transitionnelle voulons-nous ? ». Y étaient présents des représentants des plus grandes formations politiques ainsi que des composantes de la société civile concernées par ce processus.
Coïncidant avec le premier anniversaire de l’investiture de l’Instance Vérité & Dignité, la conférence était de facto une réponse au « colloque scientifique » organisé les 4 et 5 juin par la Coordination nationale indépendante pour la justice transitionnelle, avec comme titre l’expression controversée « Afin de sauver le processus de la justice transitionnelle ».
Prélude à cette initiative de l’ONG présidée par Omar Safraoui, une déclaration polémique accordée à la TAP par Kamel Jendoubi, ministre délégué chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, où il parle de « sauvetage du processus », tout en menaçant « de rouvrir le dossier de l’IVD » en proie selon lui à « une politisation excessive ».
Visiblement soucieux de ne pas s’immiscer dans les travaux d’une instance indépendante, le ministre de la Justice Mohamed Salah Ben Aïssa, convié par Safraoui, avait pris soin de préciser que le colloque ne se faisait pas « sous son égide », contrairement à ce que laissait entendre l’invitation officielle de la Coordination.
Il y avait du reste donné davantage un cours magistral d’universitaire à propos de certains points qu’il juge problématiques de la loi de décembre 2013 relative à la Justice transitionnelle, dont l’autorité de la chose jugée, et l’absence du principe de droit universel d’une justice à deux degrés (l’impossibilité pour les personnes jugées après transfert de leur dossier par l’IVD devant des chambres spécialisées de faire appel).
En répondant hier à l’appel cette fois de la conférence de l’Instance Vérité & Dignité, le ministre de la Justice du gouvernement Essid a donc fait preuve d’une certaine neutralité, d’autant qu’il ne se fait pas explicitement le relais des appels à l’amendement d’articles de loi relatifs à la justice transitionnelle.
Plutôt sans langue de bois, les responsables des grandes formations politiques au pouvoir et dans l’opposition, d’ONG et de syndicats (dont l’UGTT et l’UGTE) qui se sont succédé à la tribune donnée par l’IVD ont été quasi unanimes pour mettre en garde contre toute tentative de remise en question de l’acquis de la révolution qu’est l’Instance, « même entre les lignes ».
S.S