Tunisie. Victor Dupont libéré et rapatrié en France

 Tunisie. Victor Dupont libéré et rapatrié en France

Discrètement, le chercheur français avait été arrêté le 19 octobre dernier, accusé « d’atteinte à la sécurité de l’État », a été libéré dès le 12 novembre. C’est en effet le quai d’Orsay qui l’a confirmé via un porte-parole, tout en annonçant qu’il avait quitté le sol tunisien vendredi en fin de journée.

Victor Dupont

Le jeune doctorant français âgé de 27 ans avait pour rappel été arrêté sur ordre de la justice militaire tunisienne à son domicile au Kram, en banlieue nord de Tunis, en compagnie d’une amie. Victor Dupont « est sorti de prison le 12 novembre et a regagné la France le 15 novembre au soir », a déclaré Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. « Nous nous réjouissons qu’il puisse retrouver ses proches », a-t-il ajouté en réponse à une question sur la situation du ressortissant français lors du point presse hebdomadaire au Quai d’Orsay.

La détention de ce doctorant n’avait été annoncée le 31 octobre par le directeur de son laboratoire de recherches à l’Université Aix-Marseille, Vincent Geisser. Le directeur de thèse de Victor Dupont, Amin Allal, a fait part de son inquiétude estimant qu’il n’avait « rien à se reprocher et faisait seulement son travail de doctorant ».

Dupont menait dans le pays des recherches sur la trajectoire socio-professionnelle des « gens qui ont pu être engagés au moment de la Révolution de 2011 », premier soulèvement populaire du Printemps arabe qui avait mis fin au régime du dictateur tunisien Ben Ali, avait précisé Geisser.

« Ce n’est pas un sujet politique lié aux dissidents ou opposants, ce n’est pas un sujet sécuritaire, c’est un sujet sociologique classique », avait-il alors insisté. Victor Dupont était arrivé en Tunisie une dizaine de jours avant son arrestation pour mener des entretiens.

 

Aucun motif officiellement divulgué

Mais le motif de son arrestation ainsi que des trois semaines qu’il a passées au total en détention n’a à ce jour pas été officiellement communiqué. Interrogé vendredi, le porte-parole du Quai d’Orsay n’a ainsi pas souhaité répondre. « Le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l’Enseignement supérieur, notre ambassade et notre consulat à Tunis sont restés mobilisés tout au long de cette affaire », a-t-il en revanche souligné, tout comme la famille du chercheur qui a fait le déplacement à la capitale Tunis dès la fin octobre.

Or, il semble que les deux coups de fils passés par le président français Emmanuel Macron en personne, selon le Figaro, ainsi que les intenses tractations diplomatiques et ceux des services français tout au long de cette période, ont fini par payer. Pour Benoît Delmas, « cet acte clairement inamical aura des conséquences sur la relation franco-tunisienne », l’éditorialiste qualifiant d’« avertissement de Tunis à l’adresse de Paris » cette affaire tout comme son difficile dénouement.

« Quand Téhéran arrête et embastille un chercheur français, c’est regrettable, mais ce n’est pas un pays allié […]. Il en est autrement quand un tel événement intervient dans un pays proche et supposé ami. On bascule alors dans l’inattendu, le renversement de table, la disruption pour utiliser le vocabulaire d’atmosphère. C’est ce qui s’est passé le 19 octobre lorsqu’une vingtaine de policiers ont fait irruption matinalement au domicile du doctorant français », conclut-il.

L’Association française de sociologie (AFS), l’Association française de science politique (AFSP), l’Association des sociologues enseignant-e-s du supérieur (ASES) et l’Observatoire des atteintes à la liberté académique (OALA) avaient signé un communiqué commun le 4 novembre dénonçant « une violation caractérisée des libertés académiques ».

 

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