Vers une escalade de la contestation sociale le 10 décembre prochain

 Vers une escalade de la contestation sociale le 10 décembre prochain

Abderahmane Hedhili


Un rassemblement de protestation d’envergure, regroupant les principaux mouvements sociaux actuels sera organisé par le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) samedi prochain 10 décembre, devant l’Assemblée des Représentants du Peuple, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale des droits de l’Homme. Objectif : contraindre le gouvernement à « trouver des solutions urgentes aux situations des catégories vulnérables », selon Abdelhrahman Hedhili, président du Forum.


La même source indique que 1500 à 2000 personnes sont attendues pour participer à ce rassemblement, précisant « que les ouvriers des chantiers, les chômeurs et les familles des disparus en Italie seront présents à cette manifestation pour faire entendre la voix des catégories marginalisées et demander l’amélioration de leurs situations sociales et économique, d’une part, et l’arrêt des poursuite sécuritaires et judiciaires à l’encontre des demandeurs d’emploi, d’autre part ».


L’annonce intervient au moment où des dizaines d’avocats en colère contre la nouvelle loi de finance 2017, qu’ils estiment fiscalement pénalisante pour le corps de métier, ont réussi à envahir la Place du gouvernement à la Kasbah aujourd’hui mardi, ce qui complique un peu plus encore « l’hiver social » auquel devra faire face le gouvernement Chahed.


  


La date symbolique du 14 janvier en ligne de mire


Si ces revendications ne sont pas satisfaites, le FTDES compte organiser des mouvements pacifiques dans l’ensemble des régions du pays le 14 janvier 2017, a prévenu Hedhli qui a estimé que les gouvernements successifs après la révolution « ont fait preuve d’atermoiements et de négligences dans le traitement des dossiers sociaux ».


Le dirigeant du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux a précisé que la manifestation du 10 décembre devant l’ARP clôturera des mouvements organisés dans le cadre d’une semaine de solidarité du 5 au 10 décembre 2016 sous le signe « Nous ne renonçons pas à nos droits ».


Hedhli a dénoncé par ailleurs le traitement sécuritaire et juridique par le gouvernement des mouvements sociaux, jugeant très sévères les peines infligées à un certain nombre de protestataires. A Kélibia, des jeunes qui avaient manifesté violemment au lendemain de l’assassinat de Chokri Belaïd en 2013 viennent en effet d’écoper de peines de prison extrêmement sévères allant jusqu’à 14 ans de prison… Le chef d’inculpation retenu étant « conspiration en vue de renverser le pouvoir ».


 


Un code pénal archaïque


Dans ce contexte, Imen Bjaoui, avocate et membre du comité directeur de la FTDES, a appelé « à l’annulation des articles incriminant les mouvements sociaux compte tenu de leur inconstitutionnalité ». Bejaoui a exprimé à cet égard son étonnement face aux poursuites judiciaires contre de jeunes protestataires sur la base des articles datant d’avant l’indépendance, à l’instar du décret beylical de l’année 1953 portant sur le blocage des routes.


« Ces textes sapent le droit syndical et le droit de manifester », a martelé Bejaoui qui a révélé que plusieurs jeunes protestataires encourent dans différentes régions du pays entre 4 et 17 ans d’emprisonnement.


« Les mouvements sociaux, menés par des catégories défavorisées ont montré les limites du modèle de développement actuel qui a consacré les disparités régionales et aggravé le chômage », a estimé Imene Bejaoui.


Les lenteurs en matière de réforme du code pénal post 2ème République sont également symptomatiques d’un pays encore à la recherche d’une stabilité politique et d’une Cour constitutionnelle dont la mise est sans cesse repoussée.


S.S