Vers un recyclage culturel de l’ancien siège central du RCD
Symbole du despotisme et de l’ostentation de l’Etat-parti autoritaire, la tour abritant anciennement le siège central du RCD était depuis la révolution de la Dignité laissée à l’abandon. On vient d’apprendre que son sort a finalement été décidé par le gouvernement Chahed qui compte exploiter l’édifice à des fins culturelles, après un long bras de fer quant aux modalités de sa réhabilitation.
Fin 2014, la fraîchement investie Instance Vérité & Dignité chargée de la mise en œuvre de la justice transitionnelle avait demandé à Mehdi Jomâa d’exploiter la tour, dans une dimension symbolique, en tant que siège central de l’Instance. Le technocrate Premier ministre de l’époque avait alors émis une fin de non-recevoir, arguant que l’ISIE, l’Instance chargée de la supervision des élections, avait déjà formulé une demande similaire, mais qu’il n’y était pas favorable étant donné l’état de délabrement du bâtiment, gardé par l’armée mais non entretenu, « laissé en proie aux rats et à l’humidité… ». Depuis, des travaux de rénovation ont été entamés.
Selon une source au ministère des Domaines de l’Etat et des affaires foncières, il a été convenu lors d’une récente réunion avec une délégation du ministère de la Culture de la création d’une commission mixte chargée de la concrétisation de l’opération de transformation de l’ex tour du RCD en « haut lieu de la culture », et de la désignation d’une direction technique comprenant des architectes pour la réalisation du projet.
Le secrétaire d’Etat des domaines de l’Etat et des affaires foncières a insisté sur « l’importance de l’exploitation de ce grand espace unique en son genre au profit d’activités culturelles, ce qui permettra de transformer l’avenue Mohamed V en aire culturelle, d’autant qu’il est situé tout près de la nouvelle Cité de la culture » dont le chantier en panne pendant plusieurs années vient de reprendre.
La notion de continuité de l’Etat a aussi été évoquée « quelles que soient les conditions par lesquelles passe le pays », s’est prévalu Kourchid, allusion à la révolution de 2011, « d’où la nécessité de changer la vision des Tunisiens vis-à-vis du siège de l’ex RCD ». Il a relevé à cet égard que son gouvernement accorde un intérêt majeur à cet espace qui « doit être ancré dans la mémoire des tunisiens par son empreinte culturelle ».
Kourchid a enfin fait savoir que l’espace culturel de la tour verra la projection non-stop d’un documentaire relatant les diverses civilisations qui ont traversé la Tunisie.
Le projet s’inscrit plus globalement dans une politique de réhabilitation du patrimoine via une campagne anti exploitation anarchique des terrains à caractère historique. L’Instance Vérité & Dignité a à ce titre annoncé une collaboration avec la biennale « Dream City » qui investit la médina de Tunis tous les deux ans, et mettra en scène en octobre prochain une partie des archives récoltées par l’IVD.
Le terrain en friche abritant anciennement la prison du 9 avril à Tunis, un pénitencier vieux de près de 100 ans, est également au centre de négociations entre le ministère de la Santé, le ministère des Affaires sociales, et l’IVD en vue de la construction notamment d’un Institut pour la préservation de la mémoire nationale.
S.S