Vers un déconfinement sélectif le 4 mai 2020
Très attendu sur les modalités d’un éventuel déconfinement progressif début mai, le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh s’est voulu rassurant mais prudent dimanche soir : les secteurs d’activité concernés restent à déterminer, et leur retour à la normale sera conditionné à l’application d’un cahier des charges très strict.
L’imbrication des deux calendriers de l’épidémie du Covid-19 et du ramadan est sans doute une aubaine pour les autorités. Caractérisé en temps normal par un ralentissement de la vie sociale et économique, du moins en cours de journée et traditionnellement durant sa première moitié, le mois saint tombe à point nommé pour offrir un répit à l’exécutif dans sa gestion de la crise en cours.
L’annonce phare est donc celle d’un allègement du confinement général à partir du 4 mai. « Le verrouillage du pays s’est fait de manière graduelle. Sa réouverture devra également se faire en douceur », a prévenu Fakhfakh. « Quoi qu’il en soit, il va falloir oublier renoncer au confort d’avant épidémie : en l’absence d’un vaccin ou d’un traitement efficace, attendons-nous à un long apprentissage post covid-19 », tempère d’emblée le numéro 1 de l’exécutif.
Ainsi il sera question d’un « confinement ciblé », au cours duquel plusieurs secteurs reprendront progressivement leurs activités, en coordination avec le ministère de la Santé, les collectivités locales et les autorités régionales. « Nous les mettrons sous étroite surveillance », a insisté le chef du gouvernement quant à la nécessité de respecter certaines normes d’hygiène, au-delà de la distanciation sociale qui entre déjà dans les mœurs de tous.
Seconde mesure annoncée, le changement d'horaire du couvre-feu pendant le ramadan, qui passe à 20h00 – 06h00 au lieu de 18h00 06h00 actuellement.
Plus de 18 mille Tunisiens rapatriés
Face aux critiques et aux interrogations de nombreux Tunisiens relayées par les deux intervieweurs sur la TV nationale, Elyes Fakhfakh a précisé que 5700 chambres d’hôtel ont été réquisitionnées par les autorités pour y accueillir notamment les quelques 18 mille Tunisiens rapatriés à ce jour, auxquels s’ajoutent environ 2000 chambres de foyer universitaire.
Rappelons que le ministère de l’Intérieur tunisien avait annoncé vendredi dernier avoir saisi plus de 100 mille cartes grises et autant de permis de conduire depuis que ces sanctions contre les contrevenants au confinement sont entrées en vigueur le 23 mars dernier.
Interrogé sur les limites de cette politique du tout répressif, le chef du gouvernement a affirmé que 5000 arrestations ont été effectuées depuis le début de l’épidémie, mais que dorénavant, les contrevenants s’exposeront à une amende de 50 dinars, le double en cas de récidive. « Nous ne voulons pas arrêter des citoyens et les confiner ensemble en milieu carcéral, d’un autre côté nous veillons à l’application de la loi, là est la difficile équation », a-t-il reconnu.
Au 19 avril, 879 cas positifs au coronavirus ont été enregistrés en Tunisie, pour 38 décès, sur environ 16 mille dépistages effectués, l’objectif étant selon le directeur de l’institut Pasteur, Hechmi Louzir, de tester 500 mille personnes à court terme, avec la réception imminente de près de 2 millions tests de dépistage rapide.
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