Vers un congrès constitutif du mouvement Tahya Tounes
Le congrès constitutif électoral du Mouvement Tahya Tounes aura lieu durant les weekends de la deuxième et troisième semaine du mois d’avril 2019, annonce le Coordinateur général du mouvement Tahya Tounes, Slim Azzabi, qui a dû répondre aux soupçons de mobilisations des moyens de l’Etat à des fins électorales.
Le logo du parti dévoilé en conférence de presse
Lors d’une conférence de presse tenue à Tunis, on apprenait que le congrès électif sera entamé dans les régions et que ses résultats définitifs seront annoncés le 28 avril 2019, selon le calendrier de ce congrès présenté lors d’une conférence de presse à Tunis. Le décompte des votes se déroulera du 22 au 28 avril 2019, a-t-il expliqué, faisant remarquer que les cartes d’adhésion seront remises à partir du 2 mars 2019.
D’après Azzabi, le Mouvement Tahya Tounes (« Vive la Tunisie ! », un nom critiqué pour son caractère générique) aura 370 bureaux locaux composés chacun de 15 membres élus, et 33 bureaux régionaux, dont chacun comptera 13 membres, en plus d’un conseil national qui sera formé à partir des listes en charge de l’élaboration des motions politiques.
Les premières critiques fusent chez les détracteurs du parti
Chawki Gaddes, président de l’Instance nationale de protection des données personnelles s’est vu confié la présidence de la commission préparatoire du congrès, alors que Najla Ibrahim, ancien membre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a été désigné à la tête de la commission consultative des experts. Le choix de Gaddes est déjà critiqué par l’opposition, dans la mesure où il préside une instance indépendante et non partisane.
Le Mouvement Tahya Tounes avait déposé le 20 février une demande d’obtention d’un visa légal d’exercice auprès de la présidence du gouvernement. Il a choisi comme logotype le « V » de la victoire, un logo déjà détourné en « oreilles d’âne » par de petits plaisantins du web. Là aussi l’opération d’un dépôt d’un visa auprès des services du chef du gouvernement, lui-même chef virtuel du parti naissant, est un point de litige déontologique soulevé par l’opposition.
« Le chef du gouvernement, Youssef Chahed n’est pas présent dans la composition de la structure du parti et sa candidature à un poste partisan est une question qui n’est pas envisageable pour l’instant. Il faut tout d’abord organiser le Congrès constitutif électoral du parti et jeter ses fondements avant d’en parler », s’est cependant défendu Azzabi.
« Youssef Chahed se penche actuellement sur ses responsabilités gouvernementales et le Mouvement Tahya Tounes le soutien en tant que chef du gouvernement », a-t-il ajouté, tout en rappelant que Chahed a dans tous les cas besoin d’un fort soutien politique pour qu’il puisse réaliser son programme de réformes ».
Réponse à la polémique sur le retour à un « parti – Etat »
Attendu au tournant sur ce point, Slim Azzabi a démenti toute interférence entre le Mouvement Tahya Tounes et l’Etat, en faisant allusion aux accusations portées contre le parti au sujet de son exploitation des ressources de l’Etat pour mener une campagne électorale anticipée.
« Le Mouvement Tahya Tounes n’a été créé contre aucun parti. Nous avons compris le message du peuple tunisien lors des précédentes élections municipales et nous allons éviter les erreurs commises par les partis politiques, d’autant qu’elles ont été à l’origine de l’abstention électorale et de la crise de confiance entre l’électorat et les partis politiques ».
Au sujet de la nature de la relation entre le Mouvement Tahya Tounes et les islamistes d’Ennahdha, relation objet de toutes sortes de spéculations, Azzabi a indiqué que deux points communs unissent les deux partis : « l’attachement à la stabilité gouvernementale et le souci de mener à terme le processus d’installation des institutions constitutionnelles ».
Il a par ailleurs fait état des concertations engagées par le parti avec le mouvement Machroû Tounes, le parti Al-Moubadara et le parti Al-Badil ainsi qu’avec des personnalités nationales de la famille destourienne afin de rejoindre le parti et d’unifier leurs forces. Azzabi a toutefois démenti tout contact avec Radha Belhaj, transfuge de Nidaa Tounes.
« L’alliance avec le Mouvement Ennahdha ou tout autre sensibilité politique est une question encore prématurée », a-t-il enfin soutenu, faisant remarquer que les alliances se formeront à l’issue des résultats des élections et du verdict des urnes.
A mesure que l’échéance d’octobre 2019 se rapproche, les langues se délient et s’éloignent peu à peu du politiquement correct qui empêche d’y voir plus clair actuellement sur l’état des alliances entre les uns et les autres.