Vers un changement de date de la présidentielle ?
La concomitance du « Mouled », une fête religieuse, peut-elle perturber le cours du scrutin présidentiel au point d’en revoir la date ? C’est en tout cas l’éventualité qui sera examinée sous peu par l’Instance supérieure indépendante pour les élections dont le président, Nabil Baffoun, annonce que le conseil de l’ISIE se réunira dès vendredi 29 mars courant afin d’étudier la possibilité de changer la date du premier tour de l’élection présidentielle de 2019.
Joint mercredi par téléphone, Baffoun a expliqué que ce changement d’échéancier nécessitera sans doute des discussions avec l’ensemble de intervenants dans l’opération électorale, avec à leur tête le ministère des Affaires étrangères (vote des Tunisiens résidents à l’étranger oblige), le Tribunal administratif ainsi que l’Imprimerie officielle…
Les préparatifs du Mouled : un enjeu économique régional
Ce sont certaines composantes de la société civile, des partis à référentiel islamiste, mais surtout des habitants et les autorités religieuses de la ville de Kairouan, bastion conservateur du centre du pays, qui sont à l’origine de ces doléances : ils réclament en effet le report du premier tour de la présidentielle qui devrait coïncider dans le calendrier de l’hégire avec la Fête du Mouled (Naissance du Prophète), soit cette année le 10 novembre 2019.
C’est que la capitale des Aghlabides connait un regain d’intérêt et une affluence croissante ces dernières années durant cette période conduisant au Mouled particulièrement propice à la ferveur incantatoire et populaire. La ville y accueille, ornée de décorations ostentatoires aux abords de la célèbre Mosquée Oqba Ibn Nafi, des milliers de visiteurs étrangers et de Tunisiens venus des quatre coins du pays, « de Bizerte à Ben Guerdane », se prévalent les riverains et autres commerçants, ravis de la renaissance de cette tradition séculaire.
L’impératif des délais constitutionnels
Conscient sur le tard de cet enjeu de taille, Baffoun a par conséquent déclaré que l’Instance a pris acte de cette demande. « Nous parviendrons à une solution qui satisfera toutes les parties », a-t-il tenu à rassurer, soulignant que le souci de l’Instance est d’organiser les élections dans les délais constitutionnels (5 ans de mandat non extensibles) et selon les standards internationaux, tout en assurant cependant une participation toujours plus accrue des Tunisiens à l’opération électorale.
L’ISIE avait pour rappel annoncé le 6 mars courant le calendrier électoral de 2019 et décidé l’organisation de l’élection présidentielle le 10 novembre 2019 sur le territoire national, et les 9, 10 et 11 novembre pour les Tunisiens de l’étranger. L’Association du festival du Mouled à Kairouan a organisé le 13 mars une conférence de presse au cours de laquelle elle a appelé l’ISIE à changer la date du scrutin présidentiel, et a depuis rencontré des représentants des trois présidences.
Entre temps, des représentants de la société civile à Kairouan observent depuis près d’une semaine un sit-in ouvert devant le siège de l’Instance régionale des élections aux Berges du Lac de Tunis, dans l’espoir d’un changement de la date de l’élection présidentielle aussi rapidement que possible, sous peine d’appel au boycott général du scrutin.
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