Tunisie. Verdict en cassation en faveur du journaliste Khalifa Guesmi

 Tunisie. Verdict en cassation en faveur du journaliste Khalifa Guesmi

C’est sans doute l’une des pires injustices qui avait touché le journalisme tunisien ces derniers mois qui vient d’être finalement rectifiée. La Cour de cassation examinait, ce mercredi 6 mars 2024, le dossier du journaliste Khalifa Guesmi.

Ainsi le verdict annoncé aujourd’hui fait suite au jugement rendu par la Cour d’appel, le 15 mai 2023, qui avait porté la peine du journaliste à pas moins de cinq ans de prison ferme, après un jugement d’un an de prison prononcé à son encontre en première instance. « Il s’agit de la peine la plus sévère infligée à un journaliste depuis l’indépendance du pays », s’était alors indigné le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) à propos d’une sentence quintuplée dans l’incompréhension générale.

La Cour de cassation vient de se prononcer en cassant le jugement rendu en appel, ce qui ramène l’affaire au stade de première instance. Cela signifie que Khalifa Guesmi devrait être automatiquement libéré, ayant déjà purgé davantage que sa peine initiale.

 

Une petite victoire pour la presse libre

Pour rappel, le journaliste était poursuivi simplement pour avoir refusé de révéler l’identité de sa source, son droit le plus strict conformément au Code de la presse, après la parution d’un article sur l’arrestation de personnes soupçonnées de terrorisme dans le gouvernorat de Kairouan, où il était le correspondant de la radio privée Mosaïque FM. Sa source, un officier de la Brigade antiterroriste (BAT), écopera d’une peine encore plus sévère, voyant quant à lui sa peine alourdie de 3 à 10 années de prison, en vertu des dispositions de la loi antiterroriste.

Guesmi fut alors condamné à cinq ans de prison par la Cour d’appel de Tunis, alors qu’il devait selon sa défense rester en liberté jusqu’à son procès en cassation. Il a été arrêté et placé en détention dès septembre 2023. Pour son comité de défense, la divulgation d’informations sur le coup de filet n’a eu aucun impact sur le bon déroulement de l’opération « déjà terminée au moment des faits ».

Le 10 janvier 2024, le journaliste Zied El-Heni a pour sa part été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir critiqué le bilan de la ministre du Commerce. La Tunisie occupe désormais le 121e rang sur 180 au dernier classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières publié en mai 2023, soit une dégringolade de 48 places en deux ans.