Tunisie. Vaste vague d’arrestations dans les rangs d’Ennahdha

 Tunisie. Vaste vague d’arrestations dans les rangs d’Ennahdha

Le Mouvement Ennahdha a dénoncé jeudi 12 septembre une vaste campagne d’arrestations menée par les autorités ces dernières 72 heures, ciblant des dizaines de militants du mouvement dans diverses régions du pays. La veille du coup d’envoi de la campagne électorale en vue de la présidentielle, « ce timing démontre une certaine paranoïa persistante du pouvoir » à l’égard de ce qui reste du parti islamiste selon ses bases.

Avec plus d’une trentaine de membres et dirigeants arrêtés à ce jour, l’opération toujours en cours s’est visiblement déroulée sur plusieurs phases, avec dans un premier temps l’arrestation par les forces de sécurité, dès la nuit du 9 septembre, de Mohamed Kaloui, membre du bureau exécutif, et de Mohamed Ali Boukhatem, secrétaire général régional à Ben Arous, ainsi que d’autres dirigeants et membres. Des cadres de seconde zone, mais qui restaient actifs dans des régions densément peuplées telles que la banlieue sud de Tunis notamment.

C’est précisément ce qui fait dire à plusieurs observateurs que le choix de cette date dénote une crainte de remobilisation des mosquées dans les zones et les quartiers populaires du pays où l’islam politique n’est pas totalement hors d’état de nuire aux yeux d’un pouvoir qui ne souhaite rien laisser au hasard. Le recours à la loi antiterroriste, qui permet une détention prolongée à 15 jours de garde à vue, est en outre mis à contribution, a-t-on appris dans le cas de certains détenus.

Dès la mi-juillet, Ennahdha avait confirmé l’arrestation de son secrétaire général, le modéré Ajmi Lourimi, ainsi que de deux autres jeunes membres du parti dans la région de Borj El Amri, précisant que cela aurait eu lieu « sans mandat judiciaire », sachant que le leader historique Rached Ghannouchi, mais aussi le secrétaire par intérim du parti, Mondher Lounissi, sont toujours incarcérés dans le cadre de plusieurs procès. Les locaux du mouvement sont également fermés depuis avril 2023.

Dans un second communiqué a rendu public, le mouvement condamne « les arrestations arbitraires et injustes dont ses militants et militantes sont victimes », exigeant l’arrêt des poursuites et des persécutions contre ses membres et exigeant la libération de toutes les personnes arrêtées. Ennahdha estime que ces interpellations interviennent « dans climat politique tendu » marqué par « des campagnes d’escalade verbale et procédurale menées contre les forces de l’opposition, en prévision du scrutin présidentiel ».

 

Début de la campagne électorale à l’étranger

L’Instance électorale ISIE a par ailleurs fait savoir hier jeudi que la campagne électorale à l’étranger a commencé et y prendra fin mercredi 2 octobre à minuit. Pour les Tunisiens établis à l’étranger, le scrutin aura ainsi lieu dès les 4, 5 et 6 octobre prochains.

Le nombre d’électeurs tunisiens inscrits sur les listes électorales à l’étranger représente un enjeu de taille puisqu’il dépasse désormais les 620 mille, suite les dernières mises à jour du registre des électeurs, a déclaré Najla Abrougui, membre de l’Instance. Des mises à jour qui ont permis l’inscription d’office de 300 mille nouveaux électeurs, a-t-elle précisé, expliquant que l’inscription électorale se fait automatiquement pour tous les Tunisiens âgés d’au moins 18 ans, le jour du scrutin, a-t-elle expliqué.

Elle a aussi indiqué que le nombre total des centres de vote à l’étranger s’élève à 363 et le nombre de bureaux à 439, répartis sur 48 pays, qui départageront uniquement trois candidats. Selon les dernières données officielles, environ 1 million huit cent mille Tunisiens résident à l’étranger, soit 15% de la population tunisienne globale.

Bulletin de vote publié vendredi par l’ISIE