Vacances d’été au pays : les Tunisiens à l’étranger dans le flou
Pour leurs vacances d’été, crise sanitaire mondiale oblige, les Français vont devoir changer leurs habitudes. Nombreux sont ceux qui rouvrent leurs Atlas de France pour découvrir ou redécouvrir les belles régions de l’Hexagone. Pour la diaspora maghrébine en revanche, il sera difficile de rompre avec le rituel séjour dans le pays d’origine.
Au fur et à mesure que la pandémie de la covid-19 se stabilisent, les annonces concernant les frontières se succèdent au niveau européen. Grèce, Slovénie, Italie, bientôt l’Autriche, l’Allemagne et sans doute la France, en attendant l’Espagne dans quelques semaines : l’Europe rouvre ses frontières intérieures pour relancer son tourisme, poids lourd de son économie. Mais, toujours impossible de savoir s’il sera possible de quitter le continent cet été.
Mais, Habib, 42 ans, s’impatiente. Comme chaque année, il a réservé dès janvier sa traversée en bateau entre Marseille et Tunis. Pour ce Tunisien de la région parisienne, les « vacances au pays, c’est la bouffée d’oxygène de l’année. Celle qui aide à se motiver à aller travailler parfois », explique ce père de famille travaillant dans la logistique.
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« On ne peut qu’attendre »
« Pour le moment, on ne peut qu’attendre », explique-t-il. Comme beaucoup, il guette une éventuelle annonce d’ouverture des frontières extérieure de l’Europe. Il craint d’ailleurs que l’Europe ne profite de la situation pour favoriser son secteur touristique au détriment des autres pays. « Puis, la Tunisie n’annonce rien non plus concernant l’ouverture de ses frontières. Ce qui est curieux étant donné qu’il n’y a presque plus de malades dans le pays », s’étonne-t-il.
Lui-même est né et a grandi en France, mais, enfant, il a toujours aimé passer ses vacances en Tunisie avec ses parents. La préparation du voyage, la voiture surchargée de bagage et la traversée sont un rituel hérité de ses parents ; presque devenu un pèlerinage depuis que ces derniers sont repartis s’installer à Médenine, leur région d’origine. Aujourd’hui, c’est lui qui emmène sa petite famille. Ses deux enfants retrouvent alors avec joie leurs cousins et leurs grands-parents le temps que quelques semaines.
Pour d’autres, comme Safia, 55 ans, s’ajoute aussi un petit côté voyage d’affaires. « Le temps de mes vacances d’été en Tunisie, j’en profite pour faire les comptes avec mon neveu, qui collecte les loyers de l’immeuble que j’ai fait construire à la Manouba », en banlieue de Tunis, explique-t-elle. « Ces appartements, c’est un peu mon assurance retraite », ajoute cette commerçante de Villepinte.
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Un des derniers liens avec le pays d’origine
Voyage d’agrément ou relevé des compteurs : pour beaucoup de Tunisiens résidant à l’étranger, notamment de la deuxième ou de la troisième génération, ce voyage annuel est l’un des derniers liens avec le pays d’origine et une partie de leur famille. D’ailleurs, tous les ans, c’est le même balai de milliers de voitures se pressant à l’embarcadère des car-ferries de Marseille.
Sans cet afflux de touristes, réputés gros consommateurs, c’est une manne de plus que risque de perdre l’économie tunisienne, déjà très affectée. Quant à charger ses plans pour rester en France, Habib préfère ne pas y penser pour le moment. « Si on ne peut pas voyager, il faut d’abord savoir si la CTN (Compagnie tunisienne de navigation, NDLR) va nous rembourser avant d’envisager de partir ailleurs », s’inquiète-t-il. Ce serait aussi un « crève-cœur » de devoir l’annoncer à ses jeunes enfants.