Tunisie. Un taux d’inflation stable mais trompeur

 Tunisie. Un taux d’inflation stable mais trompeur

Selon le dernier bulletin publié par l’Institut national de la statistique (INS), consacrée à l’indice des prix à la consommation du mois de juillet 2023 en Tunisie, le taux d’inflation s’est légèrement replié à 9,1%, contre 9,3% au mois de juin 2023. Or, pour de nombreux spécialistes, il s’agit d’un chiffre qui ne reflète pas une réalité bien moins reluisante.

Premier constat, les prix à la consommation ont augmenté de 0,7%, en Tunisie en juillet 2023, après une hausse de 0,4%, le mois précédent. Malgré cette accélération de la hausse mensuelle des prix à la consommation, l’inflation a reculé en raison de la décélération du rythme d’augmentation des prix, entre juillet et juin de cette année comparé à la même période de l’année dernière, note l’INS.

 

Hausse de 14,2% des prix de l’alimentation sur 1 an

Un fléchissement est en effet observé au niveau du rythme annuel d’augmentation des prix du produits alimentaires qui sont passés de 15,2% à 14,2% et des « habillements et chaussures » dont la cadence d’augmentation passe de 9,7% à 9,4%. Les prix des « meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer » ont enregistré eux aussi un glissement annuel passant de 9,7% à 9,5%.

Sur une année, les prix de l’alimentation augmentent de 14,2% en juillet 2023. Une hausse qui provient essentiellement de la folle augmentation des prix du café en poudre de +35%, des viandes ovines de 32,5%, des viandes bovines de 21,6%, des huiles alimentaires de 20,2%, des œufs de 19,3% et des fruits frais de 14,6%.

Mais pour Walid Bel Hadj Amor, vice-président de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), ce mode de calcul « est une hérésie absolue » : « Lorsqu’il y a inflation il y’a réduction du pouvoir d’achat et cela provoque automatiquement un changement important des habitudes de consommation et donc du panier du consommateur. Dès lors continuer à évaluer l’inflation sur la base du même panier relève au mieux de l’hérésie et au pire de la manipulation. Le citoyen qui n’arrive plus à assurer sa consommation habituelle se trouve dans l’obligation d’assurer l’essentiel avant le moins essentiel. Or l’essentiel c’est l’alimentation et sur ce point l’inflation est plutôt entre 14 et 16% selon que l’on considère les produits à prix libres ou encadrés », explique-t-il.

Quant aux prix des produits manufacturés, ils ont également augmenté de 7,7% sur un an, en raison de la hausse des prix des matériaux de construction de 6,8%, des produits de l’habillement de 9,4% et des produits d’entretien courant du foyer de 8,9%.

Pour ce qui est enfin des services, l’augmentation des prix a été de 6,5% sur un an. Elle est principalement expliquée par la hausse des prix des services des restaurants, cafés et hôtels de 11,2%, des services de transport public et privé de 15,3% et des services financiers de 20,7%.

Revenant sur les prix à la consommation, l’INS a indiqué que leur hausse est expliquée principalement par l’augmentation des prix du groupe des produits alimentaires et boissons non alcoolisées de 1,1%, et des prix des services de restauration et hôtellerie de 2,3%, et ce malgré une bonne année touristique en cours qualifiée de record non égalé depuis l’année de référence d’avant Covid, l’année 2019.