Tunisie. Un drame migratoire meurtrier de plus au large des côtes de Sfax
Les recherches se poursuivent au large des côtes tunisiennes où au moins treize migrants soudanais sont morts et vingt-sept sont portés disparus après le naufrage en fin de semaine de leur embarcation de fortune en fer.
« L’année 2024 s’annonce encore plus meurtrière que celle qui précède si l’on continue à cette cadence », avertit un responsable associatif du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), réagissant au naufrage de la barque partie clandestinement de la côte de la ville de Sfax (centre-est), confirmé par Farid Ben Jha, le porte-parole de tribunal de Monastir.
Ce sont au total 42 Soudanais qui se trouvaient sur une embarcation de fortune qui a déjoué les patouilles pourtant en hausse des garde-côtes tunisiens, partie du littoral de la délégation de Jebiniana, près de Sfax, selon le récit fait aux autorités des deux uniques survivants du naufrage. « Des opérations sont en cours pour tenter de retrouver d’autres naufragés », a toutefois assuré M. Ben Jha.
Statut de réfugiés délivré par le HCR
Tous des hommes et ressortissants soudanais, les victimes possédaient des cartes de demandeurs d’asile délivrées par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Tunisie, une information fuitée par les autorités judiciaires locales. Ces réfugiés avaient embarqué sur un bateau métallique très fragile, fait de morceaux de ferraille soudés à la va-vite, selon les premiers éléments recueillis par l’enquête.
Une instruction a été ouverte pour déterminer les responsabilités, a ajouté Ben Jha, n’excluant pas la probabilité que ces migrants aient été « exploités dans une affaire de traite humaine ou dans la formation d’un groupe criminel pour rallier clandestinement l’Europe ».
La Tunisie demeure, avec la Libye, le principal point de départ pour des milliers de migrants qui cherchent à rejoindre clandestinement l’Europe. Les premières côtes italiennes dont l’île de Lampedusa sont en effet situées à moins de 150 km de la région de Sfax.
Selon les dernières mises à jour statistiques, sur les onze premiers mois de l’année 2023, le nombre de candidats à l’émigration clandestine interceptés par les autorités tunisiennes s’était établi à 70 mille personnes, soit plus du double des interceptions sur la même période de l’année précédente, d’après les chiffres officiels transmis par le porte-parole de la Garde nationale.
Mais ce doublement des interceptions s’est fait parallèlement à un doublement des décès en mer. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) révèle ainsi quant à elle que plus de 2.270 personnes sont mortes en 2023 en Méditerranée centrale en tentant de rallier clandestinement l’Europe, soit 60% de plus que durant l’année 2022.