Tunisie. Six prisonniers supplémentaires entament une grève de la faim
Plusieurs opposants politiques incarcérés dans l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’État », ont décidé de se joindre à la dynamique engagée en fin de semaine dernière par le dirigeant du Front du salut national Jaouhar Ben Mbarek.
Il s’agit notamment des prisonniers Issam Chebbi (ancien député al Jomhouri), Abdelhamid Jelassi (ancien cadre Ennahdha), Ridha Belhaj (ancien ministre Nidaa), Ghazi Chaouachi (ancien ministre Attayar) et Khayam Turki (ancien ministre Ettakatol) qui ont annoncé, lundi 2 octobre 2023, leur décision de « boycotter ainsi que toutes les mesures qu’il prendra à l’avenir », en ce huitième mois de détention. Dans un communiqué publié aujourd’hui par leur comité de défense, ils disent refuser un « simulacre de justice » qui ne vise qu’à « museler l’opposition et intimider toute opposition ». Leur décision de boycott est surtout assortie d’une grève de la faim ouverte qui est en passe de se propager à davantage encore d’opposants au régime en place.
Les prisonniers politiques ont en effet annoncé leur entrée en « grève de la faim générale ». « Un acte de résistance » pensé comme signe de protestation contre « la mascarade judiciaire du pouvoir, qui perdure sine die et prive les détenus de leur liberté sans présenter les justificatifs des accusations émises à leur encontre ».
Le même comité de défense a dit toutefois « craindre pour la santé des prisonniers », mais soutenir pour autant cette grève dont il « comprend totalement les motivations qui y ont conduit ».
La révolte des estomacs vides fait des émules
Le 26 septembre, le dirigeant du Front de salut national, Jaouhar Ben Mbarek, avait annoncé avoir entamé une grève de la faim ouverte. Une décision radicale prise pour protester contre ce qu’il qualifie de « mascarade judiciaire conduite par le juge d’instruction au bureau 36 près le pôle judiciaire antiterroriste ». Le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, avait annoncé à son tour une grève de la faim de trois jours à partir du 29 septembre 2023.
Cité dans une autre affaire, l’ancien ministre de la Justice Noureddine Bhiri (Ennahdha) est lui aussi entré en grève de la faim apprenait-on lundi en fin de journée, en guise de solidarité avec l’ensemble des détenus politiques, tout en appelant à mettre fin à sa propre « séquestration abusive », précise son comité de défense. Il avait pour rappel été arrêté le 13 février 2023, suite à une descente policière effectuée à son domicile. Il fut alors traduit devant le juge d’instruction du bureau 33 près le Tribunal de première instance de Tunis pour un statut Facebook, une déclaration pouvant suggérer une incitation à la lutte contre le coup d’État.
Pour l’opposant historique Ezzeddine Hazgui, le père de Jaouhar Ben Mbarek, son fils « utilise l’arme qu’est son propre corps en dernier recours, et a d’ores et déjà réussi à déstabiliser le pouvoir de Kais Saïed et à faire connaître cette injustice au monde entier depuis sa cellule, grâce à l’écho et à l’effet de contagion » qu’a eu son acte.
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