Tunisie. Sionisme : le président Saïed oppose son véto à la loi anti normalisation
C’est décidément le feuilleton à rebondissements de cette saison : de l’aveu même du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et contre toute attente, c’est bien le président de la République Kais Saïed qui a demandé que la proposition de loi de criminalisation de la normalisation du sionisme en soit pas votée, considérant cette loi comme étant « une atteinte à la sûreté de la Tunisie ».
Le Parlement tenait, hier jeudi 2 novembre 2023, une séance plénière dédiée à la proposition de loi de criminalisation de la normalisation. Mais bien qu’il semblait de prime abord faire l’unanimité des blocs parlementaires par ailleurs majoritairement pro président Saïed, le passage au vote a provoqué les débats les plus houleux depuis l’élection de cette Assemblée. Un nouvel hémicycle précisément élu pour rompre avec la violence et la cacophonie de l’ancienne Assemblée d’avant 25 juillet 2021.
Le bureau de l’ARP avait pour rappel fixé une première date pour la tenue de la séance plénière initialement prévue le 31 octobre 2023. Cependant, deux jours avant la date annoncée, le président de l’ARP, Brahim Bouderbala, avait décidé de façon unilatérale du report de la plénière, prétextant dans un premier temps un coup de fil de dernière minute du ministre des Affaires étrangères souhaitant être présent aux débats.
Coup de théâtre en provenance de Carthage
Prenant la parole en début de séance du 2 novembre, Brahim Bouderbala a affirmé avoir eu un échange avec le président de la République, Kais Saïed, et que ce dernier a qualifié la proposition de loi comme étant une atteinte à la sûreté de la Tunisie, en présence de deux autres députés témoins de la scène :
« Il a considéré que la question s’est transformée en un argument de campagne électorale… C’est ce qu’a déclaré le président de la République en présence des deux vice-présidents de l’ARP Sawsen Mabrouk et Anouar Marzouki… Ce qui m’importe est l’intérêt suprême de l’État, celui du processus et celui du Parlement… Chacun doit être responsable de la position qu’il a adoptée », a-t-il révélé.
Ainsi c’est Kais Saïed, le champion toutes catégories des déclarations incendiaires en matière d’antisionisme, qui opère ce revirement, en partie par crainte qu’il soit supplanté par ses adversaires politiques aux prochaines élections dans cet exercice de l’instrumentalisation de la cause palestinienne. Qui eût cru que les régimes y compris les plus populistes seraient capables de pareilles contorsions ?
S’en sont suivis des images de chaos et de députés en pleurs, aux cris de « Non au report ! »… Des scènes qui contrastent avec l’unanimisme des images en provenance du dithyrambique Parlement algérien où l’on votait la même journée autour de la même question, dans une ambiance autrement plus festive et décomplexée :
Au 28ème jour du conflit, selon le Hamas 9227 Palestiniens dont 3 826 enfants ont été tués depuis le début de la guerre à Gaza.