SIB 2017 : une édition d’exception ?
Dimanche 3 décembre marquait la clôture du Salon international de l’informatique, le plus grand évènement TIC de l’année en Tunisie, dans sa 31ème édition. De plus en plus prisé par les professionnels et le grand public, le salon a dans cette édition enregistré selon les organisateurs une fréquentation record de plus de 140 mille visiteurs, pour 81 exposants. Une affluence perceptible durant ces cinq dernières journées. Reportage.
Passées les premières impressions d’un parking anarchique et de la relative vétusté du Centre des expositions de la Charguia, les visiteurs entrent d’emblée dans le vif du sujet : avant même d’entrer dans le Hall 1, on est assailli de prospectus et de sollicitations commerciales d’innombrables rabatteurs et hôtesses. Un point certainement à revoir, ces derniers s’arrachant parfois les clients potentiels à la limite de la confrontation physique.
Durant notre visite, l’entrée payante a par ailleurs connu certains débordements allant jusqu’a nécessiter l’intervention des forces de l’ordre pour disperser la foule.
Apparition des premiers moniteurs à technologie "quantum dots"
Invasion du gaming et flambée des prix
L’espace principal rappelle la réalité de la domination sans partage des grands fabricants et des géants de l’industrie, dont la présence est proportionnelle aux mètres carrés occupés, outre les "FAI" locaux : HP, Lenovo (acquéreur d’IBM il y a 10 ans), Samsung, MSI, Asus, etc. Particularité incontournable de cette édition : tous se focalisent cette année sur le marché du gaming, visiblement la nouvelle manne destinée aux jeunes et moins jeunes « enthousiastes », prêts à dépenser sans compter pour leur passion.
D’où l’apparition inédite de personnages grandeur nature tout droit sortis de l’univers de certains jeux vidéo, histoire d’égayer le salon et de le mettre au niveau de ce qui se fait en Asie et en Occident.
Si cette cible des « geeks » connaisseurs, principalement les 15 – 30 ans, est particulièrement exigeante sur les composants hardware, son pouvoir d’achat se trouve plombé ces derniers mois par le cours de l’euro très pénalisant pour le coût des importations. Résultat, des prix qui choquent souvent les passants, dépassant allégrement les 6000 dinars tunisiens (2000 euros) pour les configurations PC laptop et bureau haut de gamme destinées aux joueurs.
Pour autant, les stands des enseignes les plus connues de la capitale sont rapidement dévalisés durant les premières 48 heures du salon. Deux raisons à cela : le facteur psychologique des acheteurs d'abord, persuadés de faire des affaires à des « prix foire » pourtant pas toujours exceptionnels ni avérés. Les stocks limités ensuite, qui viennent rappeler certaines réalités économiques s’agissant des PME tunisiennes : pour se pourvoir en marchandise, mieux vaut en effet disposer d’espace de stockage. Or, la majorité des exposants n’ayant pas les moyens de louer de grands espaces d’exposition, ils se retrouvent rapidement à court de produits. Une situation qui les pousse, surtout les derniers jours (traditionnellement les plus fréquentés), à réorienter leur stratégie en cherchant à se faire connaître et communiquer leur adresse, plutôt qu’à vendre sur place.
Qu’ils soient seuls ou accompagnés de parents, beaucoup d’acheteurs rentreront donc bredouille, ou tout au mieux avec un gadget en guise de souvenir de foire…
Persistance du marché parallèle
Fait insolite mais prévisible, malgré l’intensification des campagnes anti contrebande de l’actuel gouvernement, tout visiteur s’étant aventuré dans les bretelles reculées du salon aura certainement remarqué l’omniprésence de produits « cheap » : casques audio bluetooth à moins de 30 dinars (10 euros), accessoires « no name » allant de la souris au boitiers PC, les produits asiatiques, imitations ou pas, sont légion.
Il s’agit là d’une autre réalité qui rappelle que nous sommes dans un marché appartenant à une zone du monde dite en voie de développement, et qu’il faut bien proposer des offres pour toutes les bourses.
Plus surprenant encore, les offres de « sharing » et d’IPTV pas toujours légales, avaient pignon sur foire, rencontrant même un énorme succès à l’approche de la diffusion de la coupe du monde. Les autorités toujours pas très regardantes sur ces dépassements ? C’est en tout cas ce qui fait remarquer à un certain nombre de badauds que « le SIB, c’est une fois de plus la délocalisation du souk Moncef Bey » derrière une façade hi-tech BCBG.
Seif Soudani