Semaine parlementaire tunisienne à Bruxelles : vers un plan Marshall pour la Tunisie ?

 Semaine parlementaire tunisienne à Bruxelles : vers un plan Marshall pour la Tunisie ?


La semaine parlementaire tunisienne organisée à l’initiative du Parlement européen s’est ouverte à Bruxelles dès le 2 mai, avec pour mission pour les députés tunisiens chefs des blocs parlementaires de promouvoir l’image de leur pays et de « faire connaître l’expérience démocratique tunisienne ». Mais les premières divergences de vue ont déjà opposé notamment Eva Joly à certains élus tunisiens, notamment sur les questions de lutte anti-corruption et de réconciliation économique. 


La restitution des avoirs de l’ancien régime tunisien spoliés et déposés dans les banques européennes, la promotion du produit agricole tunisien, ainsi que d'autres questions inhérentes au terrorisme et à l'immigration clandestine, ont été à l'ordre du jour hier mercredi de la réunion des présidents des blocs et groupes parlementaires tunisiens et leur homologues européens, au siège du parlement européen à Bruxelles.


A l'issue de cette réunion tenue à huis clos, le président du bloc parlementaire de Machrou Tounes, Abderraouf Cherif a annoncé la formation prochaine d'une commission parlementaire tuniso-européenne chargée de déterminer les priorités de la Tunisie en cette phase actuelle.


Une commission mixte qui sera également appelée selon Cherif à définir de manière claire et précise les domaines d'intervention des états membres de l'Union européenne qui estiment que « la vision n'est pas encore très claire s'agissant des besoins de la Tunisie ».


Le président du bloc parlementaire de Machrou Tounes a indiqué que certains parlementaires européens se sont plaints de la « mollesse des négociateurs tunisiens en commission » qui n'ont pas donné une vision claire quant à l'intervention et l'aide sollicitées auprès de l'Europe, sans doute une conséquence de la diversité idéologique représentée par la délégation tunisienne (sept blocs parlementaires).


Abderraouf Cherif a pour sa part assuré que la Tunisie traite avec les Etats membres de l'UE d'égal à égal et ne fait pas de la « mendicité », d'autant que les projets et les investissements inscrites au plan Marshall, outre la lutte contre le terrorisme et les efforts pour l'établissement de la stabilité politique et économique en Tunisie, auront des retombées positives pour les deux parties. « Les Etats de l'UE savent pertinemment que leur sécurité ainsi que celle du sud de la Méditerranée sont tributaires de la sécurité de la Tunisie », a-t-il soutenu.


Le président du bloc parlementaire de Nida Tounes, Sofien Toubel, a de son côté souligné que la réunion s’est focalisée sur la nécessité de traduire dans la réalité les promesses et autres accords conclus entre la Tunisie et les pays de l'UE.


Il a fait savoir, à ce propos, que les membres de l'ARP ont exhorté le parlement européen à inciter dans un premier temps les pays de l'UE à confisquer les avoirs tunisiens mal acquis déposés chez eux ainsi que les fonds détournés placés dans leurs banques, en vue de faciliter leur restitution, par la suite, notamment dans le cadre de la justice transitionnelle.


Selon Toubel, les discussions ont également porté sur la crise en Libye et ses répercussions sur la situation sécuritaire, politique et économique en Tunisie. Le président du bloc démocrate, Salem Labyedh a quant à lui indiqué que les parlementaires européens ont évoqué des questions relatives aux libertés à l'instar des droits des homosexuels, l'équité dans l'héritage et l'abolition de la peine de mort. Des thématiques fraîchement soulevées par l'Examen périodique universel (EPU) du dossier Tunisie par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies.


Aujourd’hui jeudi, des internautes tunisiens rapportent en chœur des propos d’Eva Joly, vice-présidente de la commission d'Enquête du Parlement Européen chargée d'examiner les allégations d'infraction en matière de blanchiment de capitaux, d'évasion fiscale et de fraude fiscale :

 


« Il n'y a pas d'amnistie de la corruption …les défenseurs de l'amnistie diront que c'est pour l'intérêt de l'investissement, pour la paix sociale, et pour permettre de réhabiliter les fonctionnaires, qui n'ont fait que fermer les yeux… C'est un argument ridicule et surtout sans portée juridique », a insisté l’élue écologiste, allusion au projet de loi dit de réconciliation économique actuellement en examen au Parlement tunisien.


 


S.S