Retour à Tunis du fils du colonel Bayoudh tué en Turquie

 Retour à Tunis du fils du colonel Bayoudh tué en Turquie

Anouar et Farah Bayoudh


Anouar Bayoudh (26 ans), est arrivé avec sa jeune épouse Farah dans la nuit de samedi à dimanche 3 juillet à bord du vol TU 215 en provenance directe de Turquie. Selon des sources proches de sa famille, il n’était pas encore au courant de la mort de son père dans l’attaque de l’aéroport Atatürk d’Istanbul le 28 juin dernier. Dans l’avion Tunisair, le comportement du fils prodigue a continué d’alimenter l’histoire de l’incroyable destin de la famille Bayoudh. Récit d’un retour dans des conditions aussi discrètes que tragiques.




Mise à jour :  Anouar Bayoudh a dû être transporté tard dans la nuit à l'hôpital militaire de Tunis après être entré dans un état hystérique lorsqu'il a appris la mort de son père.  


« Il a fait les boutiques duty-free de l’aéroport tel un voyageur lambda, il y a même fait quelques achats… Il était vêtu d’une façon assez distinguée, rasé de près, sans signes de fatigue particulière des suites de son aventure ni de sa détention. Dans l’avion le couple semblait serein et a mangé normalement ». Tel est le témoignage des passagers du même vol où Anouar et Farah étaient assis à la dernière rangée au fond de l’appareil, généralement la rangée où sont mises les personnes expulsées ou déportées.


Là il était escorté par un agent de police en civil. Avant cela il fut conduit jusqu’à la porte de l’avion par nul autre que Mohamed Ali Araoui, l’ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur tunisien, devenu il y a quelques mois attaché à la sûreté à l’ambassade tunisienne en Turquie, peut-être une vieille connaissance indirecte d’Anouar par renseignements interposés.   


 


Périple à la "Midnight Express" et vindicte populaire


On en sait plus sur le parcours du fils Bayoudh. Son père le colonel-major Fathi Bayoudh avait dû prendre un congé sans solde de deux mois afin de s’atteler à la libération de son fils de l’emprise de l’Etat islamique. Selon des sources sécuritaires, une première tentative pilotée en coordination avec les renseignements turcs et l’armée syrienne libre (ASL) s’était soldée par un échec, l’intermédiaire ayant été tué, puis la deuxième tentative a finalement réussi.  


Courant 2016, Anouar aurait appelé son père pour se plaindre de sa situation où les combats à Falloujah en Irak ont résulté en une insalubrité qui lui a causé une infection par la gale et les poux. Sur place, la grossesse de sa femme aurait précipité sa décision de rejoindre les rangs de Daech.


Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes déversent des commentaires haineux suite aux propos de la veuve du colonel Bayoudh qui a esquissé dans ses propos une forme d’indulgence en affirmant que son fils était naïf et ne savait pas ce qui l’attendait en partant en Irak.    


Selon Sofiane Sliti, porte-parole du ministère public, Anouar Bayoudh et son épouse ont d’ores et déjà été transférés au pôle antiterroriste de l’Aouina et seront traduits en justice pour « appartenance à une organisation terroriste et participation à des actes terroristes ».  


 


Seif Soudani