Repos forcé prolongé pour le président Kais Saïed
Conformément aux recommandations de son médecin traitant, le président Kais Saïed observera « un repos total » pour une période de quatre jours, à compter d’aujourd’hui vendredi 7 février. Si elle instaure une tradition de transparence médicale absente sous ses prédécesseurs, l’information alimente les spéculations sur une semaine chaotique à Carthage, marquée par le départ de l’homme fort du Palais.
« Une inflammation aigüe de la gorge » serait à l’origine de ce clouage au lit qui intervient après environ 100 jours seulement d’exercice du pouvoir à Carthage. Le même communiqué présidentiel, laconique, indique que le ministre par intérim des Affaires étrangères a par conséquent été chargé de représenter la Tunisie au Sommet africain qui se tiendra les 9 et 10 février prochains à Addis-Abeba, en Ethiopie.
Si la nouvelle nourrit les inquiétudes sur la chronicité de l’état de santé fragile du président Saïed, auquel avait fait allusion son adversaire Nabil Karoui lors du second tour de l’élection présidentielle, le transfert de responsabilités au ministre intérimaire des Affaires étrangères vient quant à lui alimenter les spéculations persistantes sur la phobie présidentielle des voyages à l’étranger, même si l’intéressé a récemment démenti cette phobie de l’avion.
Violente passe d’armes entre conseillers présidentiels
Lors du casting de son équipe chargée de gérer le cabinet présidentiel, Kais Saïed avait essuyé des critiques quant au caractère idéologiquement hétéroclite, voire antagoniste de certains de ses collaborateurs, à commencer par le duo Rachida Ennaifer à la communication et Abderraouf Bettbaieb comme conseiller spécial avec rang de ministre.
Si ce dernier est en effet connu pour son conservatisme, Ennaifer est quant à elle réputée pour incarner une ligne francophone, bourgeoise et libertaire, parfois qualifiée à cet égard de caution concédée par Saïed aux élites tunisoises.
Le tandem n’aura pas fait long feu ! Il n’aura tenu que 3 mois. Visiblement poussé à la démission, le discret Bettbaieb a commenté sa démission mercredi en menaçant son ancienne collègue de sortir de son devoir de réserve « si elle ne cesse pas de le diffamer dans les médias ». L’homme accuse la chargée de communication de la présidence d’avoir ainsi été la source de diverses intox à son égard, l’accusant d’avoir notamment joué un rôle dans la visite surprise du président turc Erdogan en Tunisie, ainsi que d’avoir été influent dans le choix d’Elyes Fakhfakh comme chef de gouvernement désigné.
Quoi qu’il en soit, la semaine a donc été somatiquement éprouvante pour un président sans doute encore en phase d’apprentissage de la gestion du stress considérable des arcanes du pouvoir.