Remaniement : Chahed obtient de peu la confiance de l’ARP

 Remaniement : Chahed obtient de peu la confiance de l’ARP

Comptant en tout une quarantaine de membres


A l’issue d’une séance plénière aussi marathonienne que polarisée et houleuse à l’Assemblée des représentants du peuple, les nouveaux membres du gouvernement proposés par le remaniement dit « Youssef Chahed 3.0 » ont obtenu tard dans la nuit de lundi à mardi 13 novembre la confiance des députés, de justesse pour certains.



Pour Samia Abbou, l'une des leaders de l'opposition, Chahed, politiquement affaibli, ne doit son salut qu'au sauvetage d'Ennahdha qui lui a selon elle imposé de glaner "une immense part du gâteau gouvernemental"


 


Fini le temps où le gouvernement Chahed obtenait la confiance d’entre 160 et 170 députés sur les 217 que compte le Parlement. Dans un hémicycle parsemé, à moitié vide, boycotté par le bloc Nidaa Tounes, certains nouveaux membres du gouvernement ont en effet évité à 6 voix près une déconvenue numérique, à l’image du controversé nouveau secrétaire de l’Etat Ahmed Gaâloul, confirmé à 115 voix seulement, dont plus de la moitié (68 voix) venaient du bloc Ennahdha.


 


Une procédure hybride contestée et polémique


Rappelons que le chef du gouvernement avait opéré le 5 novembre courant un remaniement ministériel ayant touché pas moins de treize ministères et cinq secrétariats d’Etat, ce qui nécessitait pour nombre d’analystes un renouvellement de la confiance non plus dans le cadre d’un remaniement partiel, mais pour son équipe toute entière.  


Autre irrégularité, flagrante cette fois, deux députés étaient concernés par le remaniement en devenant membres du gouvernement : Abderraouf Cherif (à la Santé) et Basma Jebali (à l’Environnement). Or, ces derniers se sont permis de voter pour eux-mêmes et pour leur propre équipe gouvernementale… Un vote illégal qui fera sans doute l’objet d’une annulation.


Il est à noter également qu’il s’agit de la troisième reprise consécutive que Youssef Chahed sollicitait la confiance des députés, l’un des renouvellements du vote de confiance ne concernant qu’un unique ministre : celui de l’Intérieur, en septembre dernier. Chahed abuse-t-il de ce mécanisme ? D’aucuns le pensent d’autant plus que la procédure (renouvellement de la confiance partiel) a été intégrée sur le tard au règlement intérieur de l’Assemblée, et n’est pas inscrite dans la Constitution.


En outre, la désapprobation de ce remaniement par le président de la République Béji Caïd Essebsi constitue en soi une bombe à retardement, en laissant augurer de toujours plus de paralysie s’agissant des deux têtes de l’exécutif.


Si en vertu de l’article 92 de la Constitution, « le chef du gouvernement est compétent en matière de création, modification et suppression des ministères et des secrétaires d’Etat, ainsi que la fixation de leurs attributions et prérogatives, après délibération du Conseil des ministres », il est par ailleurs tenu d’en informer le président de la République, ce qui n’aurait pas été fait correctement, d’après Carthage, qui plaide à demi-mot un vice de forme.


Ci-dessous, les résultats du vote des députés :


Ministres :


– Ministre de la Justice : Karim Jammoussi (131 voix)

– Ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration et des Politiques publiques : Kamel Morjan (127 voix)

– Ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la Relation avec les Instances constitutionnelles, de la société civile et des droits de l’Homme : Mohamed Fadhel Ben Mahfoudh (131 voix)

– Ministre du Transport : Hichem Ben Ahmed (132 voix)

– Ministre des Affaires locales et de l’Environnement : Mokhtar Hammami (129 voix)

– Ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire : Noureddine Selmi (131 voix)

– Ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières : Hédi Mekni (130 voix)

– Ministre du Tourisme et de l’Artisanat : René Trabelsi (127 voix)

– Ministre auprès du chef du gouvernement chargé de l’Economie sociale et solidaire : Chokri Belhassan (130 voix)

– Ministre des Affaires de la Jeunesse et des Sports : Sonia Ben Echeikh (131 voix)

– Ministre de la Santé : Abderraouf Cherif (131 voix)

– Ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la Migration et des Tunisiens à l’étranger : Radhouane Ayara (125 voix)

– Ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi : Saïda Lounissi (129 voix)


Secrétaires d’Etat :


– Secrétaire d’Etat aux Affaires locales et de l’Environnement : Besma Jebali (128 voix)

– Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Industrie et des PME : Habib Dabbabi (128 voix)

– Secrétaire d’Etat auprès du ministre du Transport : Adel Jarboui (126 voix)

– Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Affaires de la Jeunesse et des Sports chargé des Sports : Ahmed Gaâloul (115 voix)

– Secrétaire d’Etat auprès du ministre du Commerce chargé du Commerce intérieur : Samir Bachouel (126 voix).


 


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