Relations avec l’Union européenne : la société civile se fait entendre

 Relations avec l’Union européenne : la société civile se fait entendre

Lancement du projet de « Mobilisation de la société civile dans les relations entre la Tunisie et l’UE ». Rached Cherif/LCDA


Depuis 2011, l’UE a considérablement augmenté son appui à la Tunisie, passant d’environ 80 millions d’euros par an en moyenne avant la révolution à plus de 150 millions d’euros après, dont une part significative va à l’appui de projets de la société civile. Ce montant est en augmentation régulière et devrait avoisiner les 190 millions d’euros pour 2016. « C’est l’un des meilleurs investissements que nous n’ayons jamais », s’est réjoui M. Johannes Hahn, commissaire européen à la Politique de voisinage, en déplacement à Tunis les 7 et 8 avril.


Une initiative unique


Cette visite a été l’occasion pour lui d’assister au lancement de la 2e édition du projet de « Mobilisation de la société civile dans les relations entre la Tunisie et l’UE ». Lancée en 2014 pour une durée initiale de 18 mois, cette action a été renouvelée pour 2016 et 2017. Elle consiste à faire asseoir à une même table des représentants du gouvernement tunisien, de la commission européenne et de la société civile sur quatre thématiques : réforme et accès à la justice, droits des migrants et des réfugiés, égalité des genres et droits économiques et sociaux. « Une initiative unique en son genre et qui devrait servir d’exemple pour d’autres pays de la région », s’est félicité Michel Tubiana, président du Réseau EuroMed Rights, qui porte le projet.


« Le développement de la société civile est bon pour la démocratie et contribue à la stabilité et à la prospérité », selon M. Hahn. Tout en renouvelant ses félicitations à la Tunisie pour « le travail accompli », il estime que ce n’est pas « le bout du chemin ». Toutefois, la Tunisie doit devenir un modèle dans la région en trouvant « le bon équilibre entre sécurité et respect des libertés publiques ».


 


Un « geste fort »


Le ministre tunisien chargé des Relations avec la société civile, Kamel Jendoubi, lui-même ancien président du réseau, a rappelé le succès de la première phase du projet. « Le dialogue s’enrichit de l’analyse et des propositions de la société civile », a-t-il souligné en vantant le fait que la Constitution tunisienne de 2014 consacre le caractère pluraliste de la démocratie tunisienne et le rôle de la société civile à travers plusieurs instances déjà installées ou devant l’être en 2016.


Ce projet est un « geste fort politiquement ; cela montre que le gouvernement tunisien tient compte de sa société civile et c’est la preuve de l’attention que lui porte l’UE », a ajouté M. Tubiana. La société civile peut avoir une approche différente, et « les choses seront dites », parce qu’« il n’y a pas de démocratie sans dialogue », a-t-il assuré en voyant dans cette dynamique un « instant fondateur » de la démocratie tunisienne. Avec la franchise qui lui est coutumière, le président de EuroMed Rights a d’ailleurs donné l’exemple en rappelant que « si l’Europe avait écouté (la société civile), elle n’aurait pas découvert la crise migratoire quand les gens sont arrivés aux portes de l’Europe il y a quelques mois ».


Rached Cherif