Tunisie : Réduction des frais consulaires sur décision présidentielle
Destiné aux Tunisiens résidants à l’étranger, un communiqué de la présidence de la République a été publié dans la soirée du mercredi 30 décembre 2020 leur signifiant que l’ensemble des tarifs consulaires sera revu à la baisse. De quoi apaiser la colère des TRE après une hausse aussi spectaculaire qu’inexpliquée datant de mai 2020.
« En application des instructions du président Kais Saïed et afin de servir au mieux les Tunisiens à l’étranger et veiller à leurs intérêts, il a été décidé de réduire les frais consulaires des services délivrés dans les établissements diplomatiques et consulaires tunisiens pour l’exercice 2021 », peut-on lire dans le communiqué, sans plus de précisions sur les nouveaux montants pratiqués.
Une hausse brusque, allant dans certains cas du simple au triple, des tarifs des services consulaires pour les Tunisiens résidant à l’étranger, avait été décidée par le ministère des Finances en mai dernier. Dépendant constitutionnellement de Carthage, le ministre des Affaires étrangères Noureddine Erray, limogé depuis, avait été convoqué et malmené par la présidence de la République qui lui avait visiblement imputé la responsabilité de ses hausses, du moins une certaine passivité.
Incompréhension des Tunisiens de France
Dans l’Hexagone, les droits de chancellerie étaient ainsi passés de 30 à 88 euros pour le renouvellement du passeport, et de 8 à 17 euros pour la carte consulaire, alors que l’extrait de naissance coûtait dorénavant 7 euros et le duplicata d’un passeport perdu ou détérioré, pas moins de 165 euros. Même hausse exorbitante pour l’authentification d’une copie conforme, qui passait de 4 à 11 euros l’unité. En pleine crise économique liée Covid-19, ce fut pour les TRE la mesure de trop.
« Nous dénonçons avec la plus grande fermeté ces augmentations hallucinantes injustifiées », s’étaient alors indignés les auteurs d’une pétition en ligne, qui a avait réuni quelques milliers de signatures et l’appui de plusieurs associations. Un texte qui appelait les « Tunisiens à l’étranger à manifester (leur) mécontentement devant les ambassades et les consulats » et à dénoncer un « racket ».
7 mois plus tard, on peut penser que le président Saïed, plus au fait de ses dossiers, et qui dispose depuis en la personne du ministre des Affaires étrangères, Othman Jarandi, d’un levier efficace qu’il a lui-même nommé, a plus de latitude pour marquer des points politiques auprès de la communauté tunisiennes à l’étranger. Au moment où Carthage se trouve en situation de cohabitation avec un gouvernement Mechichi qui a d’autres loyautés, tout est bon à prendre.