Rached Ghannouchi : « nous sommes des islamo-démocrates »

 Rached Ghannouchi : « nous sommes des islamo-démocrates »


La formule est relativement nouvelle. Elle vient d’être conceptualisée et entérinée par le chef d’Ennahdha. Dans un entretien accordé le 7 décembre à al Jazeera TV, Rached Ghannouchi a affirmé : « Nous ne sommes pas un mouvement de l’islam politique, nous sommes des musulmans démocrates ».  Une déclaration n’est pas passée inaperçue, en ce qu’elle préfigure vraisemblablement un virage idéologique dans la durée.




 


Intitulée « en profondeur », l’émission s’est attelée via son journaliste à établir un état des lieux de ce que d’aucuns continuent à qualifier de plus grand parti tunisien, encore au pouvoir et rescapé des contre-révolutions, contrairement à son homologue des Frères Musulmans en Egypte.  


« Ennahdha est un mouvement islamique moderniste et patriote. Sa genèse en fait un parti à référentiel islamique, ses activités sont politiques, mais le fonctionnement du parti prône le dialogue et le consensus », a résumé Ghannouchi.   


Dans La Démocratie chrétienne, un essai de Pierre Letamendia, la démocratie chrétienne, rebaptisée depuis mouvement des chrétiens démocrates, est un courant de pensée politique et religieuse qui s'exprime en Europe à partir de la fin du 19ème siècle. « La démocratie chrétienne cherche à promouvoir, au sein d’une société démocratique et pluraliste, une politique conforme au message qu’expriment les Évangiles, la doctrine sociale de l'Église et les travaux de penseurs chrétiens ». C’est essentiellement en Allemagne que des formations centristes et de centre-droit ont pu percer plus récemment et s’institutionnaliser.


Un siècle après la naissance de ce conservatisme modéré occidental, le monde arabe revendique donc son propre courant religieux que l’on pourrait considérer comme réformateur et « soft ». Une mutation que beaucoup de laïcs non éradicateurs appellent de leurs vœux, mais qui reste contestée auprès de larges bases du parti tunisien.


Interrogé sur sa position par rapport aux déboires de son « frère ennemi », Nidaa Tounes, Rached Ghannouchi s’est contenté de réaffirmer qu’il souhaitait voir des partis prospères « surtout dans le paysage politique tunisien encore en pleine reconfiguration ». Quant à sa volonté d’assumer le pouvoir en cas de nouvelle majorité, le chef d’Ennahdha a martelé que son parti était « satisfait de la place qu’il occupe actuellement » et que le monopole du pouvoir ne l’intéresse pas outre mesure.


Preuve pour qui veut bien l’entendre qu’Ennahdha rentre dans le rang du système…


 


Seif Soudani