Tunisie. Quinze migrants périssent dans un naufrage à Djerba

 Tunisie. Quinze migrants périssent dans un naufrage à Djerba

De douze personnes, le bilan s’est rapidement alourdi à une quinzaine de morts parmi des personnes, la plupart de nationalité tunisienne, qui tentaient d’émigrer clandestinement depuis Djerba vers l’Europe, dont des bébés et des femmes.

Une embarcation clandestine qui partait pour l’Europe a fait naufrage au large de l’île de Djerba, à l’aube du 30 septembre. Au total, ce sont quinze personnes qui sont décédées noyées, tandis que 29 autres ont pu être été secourues in extremis lors de cette tragédie dont les causes demeurent encore inconnues.

 

Des couples et des familles

Les quinze victimes, toutes originaires de plusieurs régions de la Tunisie, sont « cinq hommes, quatre femmes et trois bébés », a détaillé le porte-parole du tribunal de Médenine, Fethi Baccouche, qui n’a pas encore donné le nombre initial de passagers ni d’informations sur d’éventuels disparus. Tout indique cependant qu’il s’agissait en majorité de couples et de familles accompagnées de leur mineur, une évolution caractéristique de ces dernières années où, face à la crise économique, les jeunes hommes ne sont plus les seuls à prendre le risque d’entreprendre ces périlleuses traversées.

En l’occurrence, d’après des témoins tout comme la vitesse à laquelle des corps et des objets appartenant aux migrants ont été repéchés au large de la plage, l’embarcation de fortune n’aura fait qu’environ 500 mètres avant de couler et d’échouer sur la côté sous les regards de vacanciers qui pratiquent encore la baignade en cette toute fin de saison touristique. Devenue virale, la photo d’un chausson d’un enfant met en émoi la toile.

 

Des unités des garde-côtes sont intervenues pour « porter assistance à un bateau en train de couler qui transportait un groupe de personnes, des Tunisiens et des étrangers », a indiqué la Garde nationale dans un communiqué. Les garde-côtes ont été « alertés par 4 passagers qui ont pu revenir à la nage » sur le rivage.

 

Embarras de l’exécutif

Réagissant au drame, le président de la République a convoqué son ministre de l’Intérieur sans néanmoins se départir d’un soupçon habituel de complotisme, en déclarant que « l’incident aussi douloureux qu’étrange […] les passagers ayant été logés dans des appartements à 1200 dinars par semaine avant leur traversée ». Une façon sans doute de se dédouaner de l’embarras causé par la tragédie qui survient à une semaine du scrutin présidentiel.

Avec la Libye, la Tunisie dont le littoral est situé à moins de 150 km de la Sicile, reste en effet le principal point de départ en Afrique du nord des migrants cherchant à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Chaque année, des dizaines de milliers de migrants provenant d’Afrique subsaharienne, fuyant la pauvreté et des conflits dans leurs pays, tentent la traversée de la Méditerranée au départ des côtes tunisiennes, en particulier depuis Sfax.

Mais des milliers de Tunisiens cherchent également à quitter clandestinement leur pays, face à une détérioration de la situation économique et de fortes tensions politiques depuis un coup de force du président Kais Saied en juillet 2021. Plus de 1 300 migrants sont ainsi morts ou ont été portés disparus en 2023 dans des naufrages au large des côtes tunisiennes, selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur la seule dernière décennie, plus de 30 000 migrants ont péri en Méditerranée, dont plus de 3 000 durant l’année écoulée.

Seif Soudani