Quand le maréchal Haftar fait son show à Tunis
En recevant pour la première fois le 18 septembre dernier le maréchal libyen Khalifa Haftar, la présidence de la République tunisienne était restée discrète sur l’aspect protocolaire, évoquant simplement à travers certains de ses conseillers le fait qu’elle avait exigé que le maréchal soit habillé en civil. Une normalisation qui cachait un volet aujourd’hui dévoilé par le site officiel des forces loyalistes : le maréchal était venu escorté par une escouade entière des forces spéciales libyennes.
Fait rare que seuls quelques chefs de grandes puissances se permettent, à l’image du contingent accompagnant Donald Trump, le maréchal libyen, qui contrôle la moitié est de son pays, avait donc décliné les véhicules blindés mis à disposition par les autorités tunisiennes, exigeant de transporter par avion militaire ses propres véhicules, équipés de matériel satellite et de détecteurs de mines dernier cri.
Guerre psychologique et démonstration de force
A grand renfort d’effets spéciaux dignes des productions hollywoodiennes, la chaîne Youtube du « Commandement général des forces armées libyennes » a mis en scène en grande pompe ce qui s’apparente davantage à un véritable débarquement chez le voisin tunisien. Signe de l’importance de l’évènement côté libyen, il est à noter qu’il s’agit de la première fois que les forces loyalistes d’ordinaire discrètes fournissent autant de détails sur leur armada.
Sur le web, certains internautes tunisiens ont aussitôt réagi et s’offusquent de ce qui s’apparente selon eux à une humiliation et « une atteinte à la souveraineté et au prestige de l’Etat », thématiques ironiquement chers à Béji Caïd Essebsi.
Officiellement, la visite s’effectuait dans le cadre des « efforts tunisiens visant à rapprocher les parties libyennes et à instaurer le dialogue entre les différentes factions » pour trouver une solution globale à la crise que traverse le pays.
Fin juillet 2017, une réunion interlibyenne sous l'égide du gouvernement français se tenait au château de La Celle, en présence du président Emmanuel Macron, et du ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian. La réunion s’était conclue par la signature d'un accord entre Fayez el-Sarraj et le maréchal Haftar qui s'engagent à un cessez-le-feu en Libye. En sus de ce soutien français inédit, le maréchal qui a le vent en poupe jouit également du soutien de l’Egypte et des Emirats arabes unis.
S.S