Protection du littoral : démolition de plusieurs bars à Gammarth
Dans le cadre de l’exécution d’une décision de longue date prise par les autorités municipales de la Marsa, les beach bars du complexe Ardjan situé le long de la côte de Gammarth ont été démolis dans l’après-midi du jeudi 31 octobre 2019. Des constructions jugées anarchiques, enfreignant la loi maritime, et dont certaines extensions n’avaient pas bénéficié d’autorisation.
Informé de la décision de démolition depuis 1 an, le Yüka a publié cette illustration comme pour défier les autorités, avec ce slogan : "On arrêtera jamais la fête". Le beach bar a par ailleurs assuré que les espaces couverts du complexe resteront ouverts au public malgré « la nouvelle déco surprise spécial Halloween découverte ».
Le débat fait rage dans le monde endeuillé de la nuit, des « clubbers » et des habitués de ce haut lieu de la fête, l’un des plus huppés de la capitale Tunis, et dont l’une des composantes, le Yüka, s’est imposé comme l’adresse préférée de la communauté LGBT, en recherche de « safe spaces » (lieux sûrs), et l’un des QG des groupes en vogue de la scène alternative.
Sur les réseaux sociaux, certains imputent en effet la facilité de l’exécution de la décision de démolition à des considérations conjoncturelles : le contexte de l’élection du nouveau pouvoir présidentiel, soupçonné de conservatisme religieux derrière une campagne légaliste de civisme et de propreté tous azimuts. D’autres mettent les internautes en colère devant leurs contradictions : favorables l’application de la loi, mais pas lorsque cela atteint leurs loisirs et leur confort personnel.
« La soirée de demain, on la passera chez Kais Saïed… Il a tout démoli ! », ironise ainsi une internaute.
Images de désolation sur la côte
Il faut dire que dans d’autres occurrences, la méthode du fait accompli s’avère payante, avec au final des arrangements qui permettent aux établissements de prospérer. Ce ne sera pas le cas cette fois où la démolition intervient la veille d’Halloween, une double catastrophe pour chiffre d’affaire de ces établissements qui comptent sur cette date pour réaliser l’un de leurs bénéfices nets les plus importants de l’année.
Les établissements concernés sont les bars Yüka, Beb Bhar, Chez mon ex, Habibi, 117 et Jobi propriété notamment de l’homme d’affaires franco-tunisien Patrick Sebag qui possède également un complexe hôtelier à Gammarth, le Club des Jasmins et l’hôtel Ardjan. Le Costa Sea, un lounge de l’hôtel la Tour Blanche, à Gammarth, a lui aussi été démoli quelques heures plus tôt dans la matinée de jeudi.
Pour sa part le colonel Housem Eddine Jebabli a précisé que cette décision s’inscrit dans le cadre d’« une campagne de destruction des bâtiments illégaux », et que « cette campagne se poursuivra en vue de contrecarrer les contrevenants et protéger le littoral ». Certains de ces bars étaient en effet prisés pour leurs tables quasiment pieds dans l’eau, à quelques mètres de la mer.