Tunisie. Procès du journaliste Khalifa Guesmi : « un coup porté à la liberté d’expression »
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a déploré que la peine de prison infligée au journaliste Khalifa Guesmi « porte un sérieux coup à la liberté d’opinion et d’expression dans le pays ».
Le SNJT qualifie en effet de « mascarade » les verdicts rendus récemment par la justice tunisienne plus généralement dans les affaires d’édition et d’opinion, ne tenant pas compte du code de la presse. Il s’agit d’une « grave dérive » dans le traitement judiciaire des affaires de la liberté de presse, a averti le syndicat jeudi 1er décembre dans un communiqué cosigné par une cinquantaine d’organisations syndicales et associatives.
Le secrétaire général du SNJT Mehdi Jelassi estime ainsi que cette affaire est « le dernier clou enfoncé dans le cercueil de la démocratie et le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie », après que le décret-loi 54 promulgué en septembre dernier, en théorie relatif à la cybercriminalité, ait déjà ébranlé les acquis en la matière et contredit les engagements internationaux de la Tunisie.
« Les multiples auditions des journalistes ces derniers mois témoignent d’une tendance vers l’incrimination du travail journalistique », s’indigne le syndicat, qui rappelle que le président de la République n’a pourtant eu de cesse d’affirmer son refus de faire subir aux journalistes des procès ou de leur imposer des restrictions. « Une contradiction totale avec la réalité des faits », a-t-il constaté.
Le secret des sources face à la justice pénale
Le 29 novembre, la chambre spécialisée dans les affaires du terrorisme près le Tribunal de Tunis 1 a condamné le journaliste Khalifa Guesmi à 1 an de prison pour avoir diffusé une information sur le démantèlement d’une cellule terroriste dans la région de Kairouan, sans révéler l’identité de sa source. Une fuite qui aurait selon les autorités porté préjudice au déroulement de l’enquête.
L’affaire remonte pour rappel au mois de mars dernier, lorsque le correspondant de la radio privée Mosaïque FM à Kairouan avait été arrêté puis remis en liberté, en vertu de la loi antiterroriste, après avoir refusé de divulguer la source de son information lors d’un interrogatoire, ce qui est son droit le plus strict, bafoué par l’instruction. Un officier de la Garde nationale avait également été arrêté et incarcéré dans la même affaire, accusé d’être la source du journaliste.
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