Privation de salaires dans l’enseignement : la crise s’intensifie

 Privation de salaires dans l’enseignement : la crise s’intensifie

Conférence de presse de la Fédération de l’enseignement secondaire


Le ministère de l’Education nationale affirme qu’il prendra toutes les dispositions pour « protéger les intérêts des enseignants mais aussi celui des élèves pour éviter le spectre de l’année blanche », suite à l’échec des négociations, du 28 janvier 2019. Le secteur s’enlise dans la crise.



 Des enseignants grévistes affiliés UGTT tentant de pénétrer dans les bureaux du ministre de l'Education nationale, selon Hatem Ben Salem. Le syndicat a depuis démenti, affirmant que ses militants voulaient "simplement accrocher un drapeau au balcon du siège". Source : caméras de surveillance du ministère 


 


Dans une déclaration accordée au journal Le Maghreb, le secrétaire général du ministère Noureddine Ben Rejeb inisiste sur le fait que « les professeurs doivent accomplir leur travail pour être payé », ajoutant que « des dispositifs ont été pris pour le salaire du mois de janvier ». Une allusion claire, pour les syndicats de l’enseignement, à une retenue sur salaire.


Cette semaine, sous la pression des grévistes, de nombreux directeurs d’établissements scolaires secondaires se sont rebellés en refusant de collaborer avec les directions régionales de tutelle, et certains ont même fermé les portes des lycées et collèges pour empêcher les élèves d’assister aux cours, selon plusieurs témoignages d’élèves et de parents.


« Il y aura sans doute des sanctions pour tous les fonctionnaires qui ont refusé de collaborer avec le ministère, sans compter le retrait des salaires pour les journées où le travail n’a pas été accompli », indique la même source.


 


Une escalade sans fin


Hier mardi, le ministre de l’Education Hatem Ben Salem, qui s’adresse désormais directement aux élèves tunisiens sur Facebook, s’est dit « profondément choqué par l’attitude de plus d’une centaine d’enseignants sit-ineurs qui ont tenté de faire irruption dans son bureau, 20 minutes avant le démarrage des négociations du 28 janvier avec le syndicat de l’enseignement secondaire ». Mardi soir, la page officielle de son ministère a pris à témoin l’opinion publique en publiant les photos de la tentative d’intrusion en question (vidéo ci-dessus).   


Auditionné au Parlement par la Commission parlementaire de la jeunesse, de l’éducation et des affaires culturelles, le ministre a indiqué que ces sit-ineurs l’ont « agressé verbalement et accusé de servir des agendas sionistes ».


L’homme qui avait occupé ce même poste ministériel sous Ben Ali ajoute « Je suis prêt à présenter ma démission si cela est nécessaire, mais je suis convaincu que cette démission ne résoudra pas la crise. L’élève reste une ligne rouge » ajoute-t-il au moment où son ministère et la représentation syndicale sont tombés d’accord sur « sept des neuf points de contentieux ».  


Les points de discorde concernent les primes spécifiques et la retraite anticipée, apprend-on aujourd’hui, alors que le ministère avait dû rebrousser chemin après avoir mobilisé 64 millions de dinars en urgence, mis sur la table des négociations.


En attendant, les cadres du ministère regrettent que l’enceinte de leur siège soit devenue « un dortoir pour le sit-in en vigueur depuis plusieurs jours, empêchant l’accès aux employés.


Des son côté Lassad Yacoubi, secrétaire général de la Fédération de l’enseignement secondaire, a tenu une conférence de presse hier mardi pour dénoncer le fait que les « négociations n’ont duré que 30 minutes », contrairement à ce qu’affirme le pouvoir exécutif. Le responsable syndicale s’indigne par ailleurs de l’arrestation d’un professeur à Sidi Bouzid et du « licenciement abusif » d’un autre de ses collègues par le ministère dans la région de Sfax.


 


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