Tunisie. Prise de contrôle de l’ISIE: les réactions se multiplient à l’international
La décision du président de la République d’émettre un décret en vertu duquel il nommera désormais les membres de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) n’est pas passée inaperçue à l’étranger. Florilège et revue de presse des réactions.
« A trois mois d’un référendum, Kaïs Saïed renforce sa mainmise sur la vie politique », titrait samedi 23 avril l’Agence France presse.
Interrogé par plusieurs médias français, l’actuel président de l’autorité des élections, Nabil Baffoun, a averti que tout changement dans sa composition par ordre présidentiel serait « illégal ». « Nous sommes dans une dictature, et celle-ci continue de s’étendre depuis le 25 juillet dernier », s’indigne Baffoun qui constate que l’ISIE « n’est plus indépendante », ce qui engendrera un évident manque de crédibilité pour tout processus électoral à venir.
Les USA en pointe dans la condamnation
Le président du Comité des Affaires étrangères du Sénat des États-Unis, l’influent Jim Risch (républicain de l’Idaho), a considéré que l’amendement de la loi portant création et organisation de l’Instance supérieure indépendante pour les élections s’inscrit dans le cadre du démantèlement méthodique des institutions démocratiques de la Tunisie, et que cela menace les relations diplomatiques entre les deux pays.
Kais Saied’s decision to replace #Tunisia’s Independent Electoral Commission raises serious concerns about the fate of Tunisia’s #democracy. Kais #Saied’s dismantling of democratic institutions is putting the U.S.-Tunisia relationship at risk.
— Senate Foreign Relations Committee Ranking Member (@SenateForeign) April 22, 2022
« La décision de Kaïs Saïed de remplacer la Commission électorale indépendante tunisienne suscite de sérieuses inquiétudes quant au sort de la démocratie en Tunisie », peut-on lire dans un tweet publié par le sénateur samedi.
Deeply concerned by President Saied's latest unilateral decision to alter the composition of the ISIE, Tunisia's independent electoral commission.
Saied must respect Tunisia's remaining democratic institutions & work constructively with others to promote free & fair elections. https://t.co/iwCTeoO6FZ
— Senate Foreign Relations Committee (@SFRCdems) April 22, 2022
Citant une dépêche de Reuters, un autre membre du bureau du Comité des Affaires étrangères du Sénat des États-Unis, Bob Menendez (démocrate du New Jersey), s’est quant à lui déclaré profondément préoccupé par cette décision ainsi que par son caractère unilatéral.
« Saïed doit respecter ce qui reste des institutions démocratiques de la Tunisie et travailler de manière constructive avec autrui, de sorte de garantir la tenue d’élections libres et loyales », a-t-il publié en date du 22 avril 2022 sur le compte Twitter de l’institution.
A Carthage, l’hémorragie des départs continue
Aujourd’hui lundi, l’ancienne plus proche collaboratrice du président Kais Saïed, son ex cheffe de cabinet Nadia Akacha, qui avait claqué la porte du Palais il y a 3 mois, s’est désolidarisée davantage encore de la direction que prend le pays depuis le 25 juillet 2021, « un pays qui navigue selon elle sans feuille de route économique », regrette la juriste, en marge de la crise de l’ISIE.
Jeudi dernier, le conseiller économique du président, Hassan Bedhief, avait démissionné à son tour, en pleines tractations avec le Fonds monétaire national. Sa démission a été acceptée par le président Saïed, alors qu’elle aurait été soumise dès décembre 2021 au cabinet présidentiel. Bedhief a pu regagner de nouveau la Banque centrale de Tunisie où il officiait précédemment au poste de directeur des opérations de change.
L’homme rejoint ainsi la quinzaine de conseillers du président qui ont quitté le cabinet depuis l’élection présidentielle de 2019, dont cinq après le 25 juillet 2021. Un record qui isole un peu plus Carthage.
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