Présidentielle : une soixantaine de candidats, aucun réel favori

 Présidentielle : une soixantaine de candidats, aucun réel favori

Youssef Chahed a déposé sa candidature tôt ce matin vendredi 9 août à l’ISIE


Au huitième et dernier jour du délai imparti au dépôt des candidatures, le nombre exponentiel de candidats en lice pour l’élection présidentielle anticipée ayant déposé leurs dossiers à l’Instance supérieure indépendantes pour les élections (ISIE) atteint déjà la soixantaine. Toujours l’un des poids lourds, Youssef Chahed fut l’un des derniers ténors à officialiser sa candidature hier soir jeudi devant des militants de Tahya Tounes galvanisés. 



Changement de ton pour Youssef Chahed dans son premier discours de précampagne, belliqueux à l'égard de ses détracteurs et mettant en avant sa guerre contre la corruption


 


C’est ce soir vendredi 9 août qu’expire la date de dépôt de candidature à l’élection présidentielle anticipée, à 18h00 précise.


Lors de ce rush final des dernières 48 heures, ce sont pas moins de 16 candidats qui ont déposé leurs dossiers auprès de l’ISIE dans la seule journée de jeudi. Au total, les chiffres restent comparables à ceux de 2014, lorsqu’un total de 70 candidatures avaient été reçues, mais dont uniquement 27, remplissant tous les critères, avaient été retenues par l’Instance.


 


Une issue très incertaine  


Parmi les candidatures ayant capté l’attention de l’opinion publique, à défaut d’être réellement sérieuses, notons celle de Mounir Baatour : l’avocat qui a tout de même pu réunir deux fois plus de parrainages que nécessaire (19565 signatures), est ouvertement homosexuel et défenseur des droits gays. « Une première dans le monde arabe », titrent de nombreux médias occidentaux, qui relèvent par ailleurs les réserves de plusieurs associations LGBTQ en raison d’une condamnation judiciaire de l’intéressé en 2013 pour abus sexuels sur mineur.  


Aux antipodes idéologiques de cette candidature, notons également celle de Mohamed Amin Agrebi (15 000 signatures), dit « Recoba », un jeune militant ouvertement salafiste qui s’illustre régulièrement par ses positions radicales depuis 2011.


Au chapitre des candidatures autrement plus sérieuses, celle de Abdelkrim Zbidi, ministre démissionnaire de la Défense, a été entachée par une polémique sur le rôle de sa conseillère en relations publiques, Rania Barrak. Un cas d’école des écueils à éviter en matière de communication : tout au long de sa première prestation en tant que candidat, la sulfureuse assistante est apparue face caméra en train de lui souffler des dizaines de phrases, ce qui n’a pas manqué de provoquer l’hilarité des réseaux sociaux.


Si les trio Zbidi, Mourou, Chahed, et dans une certaine mesure Karoui, Moussi, Jomâa semble se dessiner comme le peloton de tête de ce scrutin extrêmement disputé et ouvert, c’est la première fois dans l’histoire du pays que les résultats de la présidentielle sont aussi incertains.  


 


Youssef Chahed, confiant, reste en poste


Lors de son discours de candidature au Palais des congrès, l’actuel chef du gouvernement Youssef Chahed a martelé qu’il n’est pas le candidat d’Ennahda, tout en se revendiquant de la famille « démocrate progressiste ». Une démarcation prévisible, depuis que le parti islamiste a désigné pour la première fois de son histoire son propre candidat pour Carthage.


« Me voici toujours en poste, chef du gouvernement, je n’ai pas démissionné, et brigue la présidence de la République », a harangué Chahed provocant une standing ovation des siens, une allusion aux conditions qu’aurait posé Ennahdha pour le soutenir.


Choisissant donc de rester en place parallèlement à cette annonce de candidature, Youssef Chahed fait même désormais usage de son bilan de 3 années au pouvoir comme principal argument de campagne. Une stratégie qui sera sans doute attaquée par ses adversaires qui l’accusent d’ores et déjà de mobiliser les moyens de l’Etat à des fins personnelles, pour ses ambitions politiques.